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LTD RANDO 68
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L’HISTOIRE DU CHALET-HÔTEL DU GRAND-BALLON

L’HISTOIRE DU CHALET-HÔTEL DU GRAND-BALLON

L’annonce de la fermeture et de la mise en vente du chalet-hôtel du Grand Ballon, parue tout récemment dans la Presse Quotidienne Régionale (→ voir l’article complet ci-dessous) a surpris beaucoup de monde, et particulièrement les membres ‘‘anciens’’ des sections du Club Vosgien, puisque l’établissement appartient à l’une d’entre elles, celle du CV Strasbourg. Pour nous, c’est l’occasion de se pencher sur l’histoire plutôt tourmentée de cet établissement.

(Source : site Internet de l’établissement https://chalethotel-grandballon.com/, d’après un article de Louis Hergès paru dans le numéro 4/1985 de la revue ’’Les Vosges’’, et d’après la revue ’’Contact’’, Bulletin du Club Vosgien de Strasbourg, novembre 2008)

► Photo ci-dessous : capture d’écran sur le site https://chalethotel-grandballon.com/

L’HISTOIRE DU CHALET-HÔTEL DU GRAND-BALLON

Le premier refuge

A partir du milieu du 19è siècle, les sentiers menant au Grand Ballon connurent, les dimanches d’été, une affluence croissante de touristes que le chemin de fer déversait dans les vallées de Saint Amarin et de Guebwiller, au pied de la montagne. Nombreux étaient ceux qui, dès le samedi, escaladaient le plus haut sommet des Vosges pour pouvoir, le lendemain, assister au réveil de la nature.

Dans cette région de montagnes élevées il n’existait alors aucun hôtel, aucun chalet. Mettre à la disposition des visiteurs du Grand Ballon, qui à cette époque encore ne pouvaient être atteint qu’à pied depuis les gares des vallées, un abri sûr pour la nuit et par mauvais temps, répondait à une nécessité. Ce fut une des principales préoccupations de la section de Guebwiller du Club Vosgien dès sa fondation en 1872.

La réalisation de ce projet souleva des difficultés énormes en raison de l’altitude, du climat, de l’absence de routes d’accès carrossables, du manque d’eau et d’argent. Lors de l’assemblée générale du Club Vosgien tenue à Strasbourg le 3 mai 1874, la section de Guebwiller proposa de construire un refuge au sommet du Grand Ballon avec l’aide financière de l’ensemble de l’association.

Les travaux débutèrent en juin 1877 dans la petite dépression entre les deux bosses du sommet. L’inauguration de la première ‘‘Maison du Ballon’’ eut déjà lieu le 29 juillet 1877. En automne de l’année même de sa construction, des vandales enfoncèrent les portes et les fenêtres de l’édifice à peine terminé, et les dégâts causés par les intempéries de l’hiver qui suivit furent importants. Au cours de l’hiver 1883/1884, le mur du côté nord fut défoncé de façon criminelle, les intempéries firent le reste, le refuge tomba en ruines et fut abandonné.

En attendant la reconstruction du refuge à un autre emplacement, la section de Guebwiller érigea en 1885, avec les matériaux provenant de l’ancien édifice, un abri provisoire, inauguré le 20 juin 1886. Laissée ouverte en hiver, cette cabane servait d’abri contre le mauvais temps.

(Photo archives LTD RANDO 68 - mai 2017)

(Photo archives LTD RANDO 68 - mai 2017)

L'hôtel de 1888

Dès 1885, le Club Vosgien de Guebwiller envisagea de remplacer le refuge-belvédère du Grand Ballon, cible des vandales, par ‘‘une maison de refuge’’ gardée.

Sous la présidence de Jean Schlumberger, les travaux débutèrent au printemps 1888. On abandonna l’ancien emplacement sur la cime de la montagne, trop exposée aux vents et aux intempéries, pour un terrain appartenant à la Ville de Soultz, situé plus bas, sur la pente sud-est de la bosse nord du sommet. C’est là que fut construit en un temps record un véritable hôtel, un chalet en bois édifié sur une infrastructure en maçonnerie, long de 15 mètres, large de 7,50 mètres. Au rez-de-chaussée se trouvaient une cuisine, deux cabinets de toilette, deux salles à manger et le logement du tenancier. Le premier étage séparé par un couloir comprenait 9 chambres ainsi que deux pièces pour le gérant. Dans une de ces pièces fut installée, en 1888, une station météorologique équipée d’un baromètre à mercure, de plusieurs thermomètres, d’un hygromètre, d’un pluviomètre et d’une girouette. L’année suivante cette installation fut complétée par des appareils enregistreurs.

La maison du Ballon, dotée d’une agence postale reliée par téléphone à la poste de Guebwiller, fut inaugurée le 17 juin 1888. Par un contrat de 9 ans, la gérance de l’hôtel fut confiée à Joseph Althoffer de Guebwiller. L’hôtel était ouvert toute l’année, mais en hiver il y avait très peu de clients. Les conditions d’existence étaient dures, le nombre des visiteurs était d’environ 4500 en 1888, 5000 en 1889 et augmenta continuellement par la suite.

(Document Remis)

(Document Remis)

En août 1896, à la demande de Joseph Althoffer, la gérance de la maison du Ballon fut transmise à Edouard Wolf, de Buhl. L’augmentation de la fréquentation nécessita un agrandissement de l’hôtel. Les travaux furent terminés avant la fin de l’année.

Vers 1904, l’hôtel s’avéra encore trop petit et on envisagea son agrandissement en lui ajoutant une nouvelle construction. Les travaux de construction confiés à l’entreprise Adolphe Sautier, de Guebwiller, débutèrent le 9 juillet 1905.Le gros oeuvre fut terminé encore avant l’hiver.

L’agrandissement de l’hôtel vers le sud avait permis d’aménager une grande salle à manger. Celle-ci était chauffée par un gros poêle en faïence, alimenté depuis le hall d’entrée qui la protégeait du vent du nord. Au premier étage, la salle du club offrait une vue étendue sur la plaine et les Alpes. Toutes ces pièces étaient éclairées à l’acétylène. La petite source près du sommet étant sans doute tarie, l’eau devait être cherchée par Edouard Wolf avec ses mulets au Judenhutplan.

Le nouveau bâtiment fut inauguré le 7 octobre 1906, par une journée radieuse d’automne. A cette occasion eut lieu le transfert de propriété de l’hôtel au Comité Central du Club Vosgien.

Au cours de l’assemblée générale du 21 juillet 1914, le trésorier du Comité Central déclarait que l’hôtel venait de passer une mauvaise période, mais que maintenant toutes les difficultés étaient écartées et que, sauf un fait imprévisible, le Club Vosgien irait vers un avenir moins mouvementé. Et ce fut un fait plus ou moins imprévisible, sous forme d’une guerre, qui devait anéantir, quelques mois plus tard, l’hôtel du Club Vosgien et avec lui l’œuvre de tant d’années d’efforts et de sacrifices.

Après les terribles années de cette Première Guerre Mondiale, l’hôtel du Grand Ballon sera encore reconstruit à un autre emplacement.

(Photo archives LTD RANDO 68 - avril 2018)

(Photo archives LTD RANDO 68 - avril 2018)

 

L'hôtel de 1922

Les hôtels de montagne avaient tous disparu dans la tourmente de la guerre de 1914/18. Il n’y avait plus rien pour recevoir l’invasion de touristes accourus dans la province retrouvée. Le gérant de l’hôtel du Club Vosgien, Edouard Wolf, ne put se résoudre à quitter le sommet du Grand Ballon où il avait passé 20 années de sa vie. Sur les ruines mêmes du bâtiment sinistré, le service des Dommages de Guerre fit élever, au cours de l’été 1919, une baraque en bois afin de lui permettre de recevoir ses clients, les anciens et aussi beaucoup de nouveaux, attirés, les uns par le panorama qu’offre le plus haut sommet des Vosges, les autres par les champs de bataille et les souvenirs de la guerre. Le ‘‘Loup du Ballon’’ sut conserver son ancienne réputation d’hôtelier. Il continua à tenir le livre des visiteurs, avec maintenant des noms de personnalités françaises. C’est dans cette baraque que la section du Grand Ballon du Club Vosgien fut reconstituée le 17 avril 1921.

(Document Remis - désolé pour la mauvaise qualité de cette photo)

(Document Remis - désolé pour la mauvaise qualité de cette photo)

Les responsables du Club Vosgien étaient conscients de l’urgente nécessité de reconstruire l’hôtel. L’ancien bâtiment offrait, il est vrai, une vue incomparable ; mais il était mal situé, exposé à tous les vents, trop éloigné d’un point d’eau et très difficile à trouver les jours de brouillard. Aussi, les membres du Comité Central du Club Vosgien décidèrent de se rencontrer au Ballon même en vue de régler rapidement le choix de l’emplacement de la nouvelle construction.

Ce choix s’est finalement porté sur un terrain faisant partie de la propriété du Roedelen, appartenant à Paul Schlumberger, de Paris, et situé à environ 1350 mètres d’altitude, sur le versant nord du sommet qui protège l’édifice des vents dominants de l’ouest et du sud-ouest, exposé au soleil levant et à un kilomètre seulement du chemin carrossable qui, de la vallée de la Thur mène au col du Haag. Ce terrain a été cédé gracieusement au Club Vosgien avec droit de captage de la source du Kaltenbrunnen, qui se trouve à 350 mètres en aval.

En mai 1920, le premier camion chargé de matériel grimpait péniblement, par Moosch et Geishouse, les pentes du Grand Ballon. A cause des difficultés d’accès et des retards dans le versement des indemnités de dommages de guerre, le gros-œuvre n’avançait pas très vite. Les travaux n’ont pas été poussés au-delà du rez-de-chaussée avant l’hiver. Malgré tout, le 17 octobre 1920, un document a été scellé sous la première pierre.

Ce jour-là, l’architecte Théo Berst, présenta les plans du nouvel hôtel édifié en béton armé, les murs étaient caparaçonnés de bardeaux et la couverture devait être en éternit. Théo Berst, pensant que la route de Geishouse au col de Haag sera prolongée jusqu’à l’hôtel, avait déjà prévu d’aménager dans les dépendances un garage pour trois automobiles.

Les travaux ont repris au printemps 1921, et le 9 octobre 1921 la fête du bouquet attira une centaine de personnes. Le gros-œuvre était bien terminé. Les travaux d’intérieur se prolongèrent au cours de 1922 et ce ne fut que le 15 décembre de cette année qu’on put envisager l’exploitation du nouvel hôtel. L’inauguration de l’hôtel eut lieu le 10 juin 1923 en présence du Préfet du Haut-Rhin, de nombreuses personnalités de la région et d’une foule de touristes et d’amis du Club Vosgien.

Pour cette époque et pour un établissement situé à cette altitude, le nouvel hôtel, éclairé et chauffé à l’électricité, était moderne et confortable. Il offrait aux touristes, qui y accédaient alors uniquement à pied, un vaste hall d’entrée orné d’une cheminée monumentale, une salle de restaurant spacieuse et accueillante, une taverne plus simple reliée au sous-sol, une salle de lecture avec bibliothèque. On avait aménagé au premier étage 15 chambres dont trois à mobilier plus riche, avec 35 lits, deux salles de bains et W.C. ; dans la mansarde, 6 chambres de 4 à 6 lits chacune et le logement pour le gérant et le personnel.

Dès 1927 le président Zuber envisagea la vente de l’hôtel qui paraissait de plus plus inévitable. Mais celle-ci ne pouvait pas se réaliser pour plusieurs raisons. D’une part, à cause de la clause figurant dans la donation Schlumberger qui accordait un droit de préemption au fermier du Roedelen, qui n’en voulait pas, et d’une autre association touristique qui aurait eu les mêmes difficultés. D’autre part, en cas de cession, il aurait été impossible d’établir la valeur locative de l’hôtel basée sur son rendement, faute d’une comptabilité qu’aurait dû tenir l’hôtelier. Enfin, en raison des investissements effectués et des lourdes charges qui pesaient sur l’immeuble, sa cession aurait été une catastrophe financière.

(Document Remis)

(Document Remis)

Seul un gérant capable de tenir et de revaloriser l’hôtel du Ballon par une gestion saine et audacieuse pouvait encore arranger les choses. Ce gérant, le Club Vosgien pensait l’avoir trouvé avec la Société des Grands Hôtels du Markstein qui exploitait le Grand Hôtel et l’Hôtel Belle Vue.

Ainsi l’hôtel du Grand Ballon fut loué à la date du 1er mai 1931 à la Société Anonyme des Grands Hôtels du Markstein moyennant un loyer de 40.000 francs et un pourcentage sur les bénéfices. Une clause du contrat faisait obligation au Club Vosgien de construire au Ballon une buvette accueillant les touristes tirant leur repas du sac.

Cette buvette, confortable, à double cloison de bois et pouvant contenir 120 personnes, a été construite au cours de l’été 1931, à côté de l’hôtel. Elle permit, durant de nombreuses années, d’augmenter les possibilités d’exploitation grâce aux touristes à pied évincés de l’hôtel par l’afflux des automobilistes. Le Club Vosgien rentrait ainsi dans son rôle touristique, au service des randonneurs. L’année suivante, afin de mieux faire connaître son établissement et d’encourager le gérant de l’hôtel, l’assemblée générale du Club Vosgien se tint au Grand Ballon.

En 1933, la S.A. demanda l’abaissement du loyer à 30.000 francs, ainsi que l’exécution d’une grosse réparation et la fermeture de l’hôtel en hiver. L’année suivante la société était en liquidation judiciaire et le Club Vosgien ne perçut plus de loyer, mais continua à lutter pour le maintien de son hôtel au Grand Ballon, dans l’intérêt du tourisme, but de l’association.

Le 1er avril 1936, la commission du Grand Ballon confia la gérance de l’hôtel à M. et Mme Debenath qui l’exploitaient pour le Club.

À partir de là les affaires allaient mieux, en particulier grâce à la fréquentation hivernale. Nouvelles pistes de ski, compétitions de descente, nouvelle route de Willer au Col Amic, firent que la gestion dégagea un excédent de recettes à la satisfaction générale, mais aussi grâce aux efforts persévérants de la gérante Mme Debenath et de sa famille.

Mais, peu à peu, d’autres nuages apparurent à l’horizon et en 1940 l’hôtel ferma ses portes.

Plaques commémoratives au bord du GR5, versant Nord. (Photo archives LTD RANDO 68 - juillet 2020)

Plaques commémoratives au bord du GR5, versant Nord. (Photo archives LTD RANDO 68 - juillet 2020)

De 1940 à 1997

L’hôtel, fermé à cause de la guerre, ne fut pas abandonné pour autant. Il fut régulièrement visité par la commission de l’hôtel de la section ‘‘Grand Ballon’’ et plus particulièrement par son président Monsieur Julien Vogelweith.

Par une lettre de M. Vogelweith, nous avons appris que l’hôtel fut fermé le 26 octobre 1939. Les provisions -vins, spiritueux, conserves- ainsi que l’argenterie et une partie de la literie furent entreposés en différents endroits dans la vallée pour répartir les risques. Madame Debenath et sa sœur Georgette Tondre avaient quitté l’hôtel après fermeture des portes et fenêtres. Abandonné et sans chauffage, l’intérieur de l’hôtel devait présenter un bien sinistre spectacle.

L’hôtel reprit vie à partir de 1947, mais il était dans un triste état. Néanmoins, il fonctionna grâce aux soins attentifs de Madame Debenath et de Madame Tondre. Mais après 40 années d’existence, il fallait bien moderniser sérieusement notre établissement. Ainsi furent décidés des travaux de grande ampleur. Tout d’abord, l’entrée principale, côté Nord, fut supprimée et remplacée par une deuxième salle à manger, que nous appelons ‘‘salle panoramique’’ car elle fait découvrir un large horizon, d’est en ouest en passant par le nord. Cette nouvelle salle à manger fut inaugurée en novembre 1961 par le président du Comité Central du Club Vosgien, le doyen Robert Redslob. Ce fut également la dernière fois que le président monta au Grand Ballon, il décéda quelques mois plus tard. La suppression de l’entrée principale Nord nécessita son transfert et l’aménagement de l’entrée de la façade Sud comme nouvelle entrée.

La stèle Redslob, sur le versant Sud du Grand Ballon (Photo archives LTD RANDO 68 - septembre 2021)

La stèle Redslob, sur le versant Sud du Grand Ballon (Photo archives LTD RANDO 68 - septembre 2021)

Un autre problème restait la cuisine qui ne correspondait plus aux normes et surtout pas à l’affluence au Grand Ballon. Il fallait la moderniser afin de garder à l’hôtel ses 2 étoiles, et améliorer les conditions de travail du personnel. L’agrandissement de la cuisine fut réalisé par le transfert des W.C. du rez-de-chaussée au sous-sol, au lieu et place de la chapelle. Alors que la construction de la salle à manger panoramique avait été financée par Madame Debenath en contrepartie d’un blocage des loyers sur 18 ans, les travaux concernant les W.C. et cuisine furent pris en charge par le Comité Central grâce à un emprunt souscrit auprès des membres en novembre 1970.

Par la suite et après de longues négociations, la clause de blocage des loyers fut renégociée et indexée, afin de pouvoir faire face aux travaux suivants. Réalisation des escaliers externes de secours, isolation du grenier, installation de nouvelles pompes à la source, changement du chauffage. Comme tout bâtiment de cette importance, le chalet hôtel a toujours nécessité des travaux conséquents.

Les travaux les plus importants que connut l’hôtel du Grand Ballon furent réalisés en 1991. Dix nouvelles chambres, entièrement rénovées et pourvues du confort moderne avec douche et W.C., sont installées dans la partie Est du bâtiment.  Toutes les fenêtres anciennes furent entièrement remplacées par des fenêtres en plastique. Une installation de détection d’incendie et portes coupe-feu augmentèrent la sécurité du bâtiment. Tous ces travaux furent financés par un nouvel emprunt sur une durée de 15 ans. Le bâtiment, qui constituait la buvette, n’était plus utilisé comme tel et par manque d’entretien tombait progressivement metinexorablement en ruine. Il en était de même du bâtiment qui servait de hangar.

En 1990, la fille de Marie Debenath, Elisabeth avec son mari Pascal Brille prirent le relais pour la gestion de l’hôtel-restaurant. M. Brille ayant déjà son propre restaurant à gérer, annonça le 26 juin 1996 qu’il résilie le bail pour la gestion de l’hôtel au début 1997. Une nouvelle fois l’hôtel dut fermer ses portes.

En mars 1997, la Fédération du Club Vosgien lança un appel à dons, mais le 19 avril 1997, une assemblée générale consacrée au Grand Ballon décida la vente de l’hôtel. Après diverses péripéties et grâce à deux dons très importants, le Club Vosgien de Strasbourg a pu racheter l’hôtel en faisant valoir un droit de préemption.

(Document Remis)

(Document Remis)

Pendant l’été 1996, le gérant de l’hôtel en place depuis le départ de Marie Debenath dénonça son contrat qui le liait à la Fédération du Club Vosgien à compter du 1er janvier 1997, ce qui entraîna la fermeture de l’hôtel.

Une assemblée de la Fédération du Club Vosgien (CV) convoquée le 19 août 1997 à Colmar devait décider du sort de l’hôtel du Grand Ballon. Une élection a donné le résultat suivant : vente 117 voix, hôtel-refuge en gérance 8 voix, hôtel refuge en partenariat 113 voix. La solution de vente fut donc retenue et le prix de vente fixé à un million de francs.

Entre-temps, deux membres du Club Vosgien Strasbourg (CVS) firent savoir qu’ils étaient prêts à faire un don du même montant au club afin de financer l’achat de l’hôtel. Le 27 septembre 1997, le conseil d’administration de la Fédération donna malgré tout la préférence à Robert Schubnel pour la vente. Et effet, en examinant les documents de 1924, établis lors de la cession de l’hôtel à la Fédération, il était apparu que Robert Schubnel, en tant que fermier du Roedelen, avait un droit de préemption en cas de vente de l’hôtel. Celui-ci fut intéressé par le rachat, mais n’a pas pu obtenir les crédits nécessaires à l’acquisition compte tenu de l’ampleur des travaux de mises aux normes à réaliser. Il proposa néanmoins au CVS de racheter l’hôtel par un acte signé le 19 décembre 1997.

Pour une réouverture rapide de l’hôtel, le CVS se trouvait devant une tâche immense. Il fallait tout moderniser et mettre aux normes. Remplacer les circuits électriques, installer une nouvelle cuisine ainsi qu’une chambre froide, refaire carrelages et revêtements de sol, remplacer toute la literie et bien d’autres travaux furent indispensables pour accueillir les premiers clients avant l’été.

Tout cela avait un coût énorme et exigeait des investissements bien supérieurs à la seule acquisition de l’hôtel. Dans un premier temps le CVS décida de faire exécuter le plus de travaux possibles par des membres bénévoles. L’appel lancé par le comité fut un succès immense, jusqu’à 60 personnes se sont inscrites pour travailler sur le site et 120 00 heures de bénévolat ont été effectuées !

En même temps fut lancé une campagne de dons auprès des membres du club et parallèlement plusieurs demandes de subventions furent introduites auprès du Conseil régional, des Conseils Généraux du Haut et du Bas-Rhin, ainsi que de la Ville de Strasbourg. Les fonds propres du CVS étaient également mis à forte contribution.

Un compte rendu sommaire de 1998 mentionne les chiffres suivants : dons 420 000 F, subventions 780 000 F, fonds du CVS 800 000 F, soit un total de 2 millions de francs qui viennent s’ajouter au don initial de 1 million de francs entièrement reversé à la fédération du CV pour son rachat.

Pour l’exploitation de l’hôtel une SARL indépendante fut créée. Les parts de cette société sont en majorité entre les mains du CVS. D’autres partenaires furent sollicités, notamment toutes les associations locales du CV : beaucoup d’entre elles ont répondu favorablement et ont souscrit des parts. Ce fut une grande marque de confiance de la part des associations envers le club de Strasbourg et une victoire de la solidarité qui anime l’esprit ‘‘Club Vosgien’’.

Pour l’exploitation de l’hôtel, il fallait également recruter un couple de gérants, avant l’ouverture prévue pour le 1er juillet 1998. Ce pari audacieux fut tenu. Dès sa réouverture, l’hôtel a pu accueillir touristes et randonneurs. En tant que club de randonneurs, le CVS tenait énormément à ce que le chalet-hôtel soit équipé pour accueillir les randonneurs en mettant à leur disposition une salle ‘‘hors sac’’.

Après un premier été de fonctionnement, le CVS procéda à l’inauguration officielle de son ‘‘refuge’’ le 4 octobre 1998. Trois cars complets de membres du CVS se rendirent au Grand Ballon pour ce jour-là, sans compter les personnes isolées et les personnalités invitées venues par leurs propres moyens.

Pour la première fois, le 28 février 1999, le CVS a pu organiser son assemblée générale annuelle dans son propre refuge. Ce jour-là, un nouveau projet fut évoqué : il s’agissait de la reconstruction du bâtiment annexe dit ‘‘buvette’’.

Ce bâtiment, construit en 1930 entièrement en bois, accusait le poids des ans et il finit par tomber en ruines, car totalement inutilisé depuis 20 ans.

Les règles de construction, draconiennes sur les sommets des Vosges, obligent à reconstruire sur les limites exactes de l’ancien bâtiment. Après démolition du vieux bâtiment en automne 1999, débutèrent les travaux de reconstruction. La nouvelle structure comporte essentiellement 2 ailes et une entrée commune. Une des ailes forme une salle de réunions et l’autre sert de point d’information et d’exposition au Parc des Ballons.

L’essentiel du bâtiment, construit en HQE (Haute Qualité Environnementale) a pu être terminé avant l’hiver 2000.

(Photo archives LTD RANDO 68 - juillet 2020)

(Photo archives LTD RANDO 68 - juillet 2020)

Dès les premiers beaux jours de 2001 on s’activa ferme dans la nouvelle construction, il fallait procéder aux travaux de finition, couverture du double toit et aménagements intérieurs. L’inauguration eut lieu le 20 mai 2001 en présence de nombreuses personnalités parmi lesquelles le président du Parc de Ballon Jean Paul Fuchs, le président du Conseil Général du Haut Rhin, le Préfet du Haut Rhin, la maire de Murbach, commune sur laquelle sont situés les bâtiments de l’hôtel. La somme de 1,6 million de francs (HT) fut nécessaire à l’achèvement du nouveau projet. Une fois de plus le Conseil régional, les Conseils généraux du Haut et du Bas Rhin, le Parc des Ballons, la Ville de Strasbourg, ainsi que nos membres ont apporté leur concours financier à cette opération destinée à tous les touristes et randonneurs.

Restait une dernière verrue, celle du hangar, depuis longtemps en mauvais état, mais complètement écroulé depuis la tempête du 26 décembre 1999. Un permis de construire fut déposé en vue de sa reconstruction, non comme hangar, mais en tant que maison d’habitation pour les gérants. Jusqu’à maintenant, tous les gérants occupaient des chambres de l’hôtel, mais grâce à cette nouvelle construction, les gérants bénéficieront à l’avenir d’une maison pour eux.

Une nouvelle fois le soutien des collectivités locales et territoriales fut sollicité ainsi que celui des membres du club Vosgien. Les négociations furent rapidement menées et dès le 17 juillet 2001 on put procéder à la pose de la première pierre de la nouvelle construction. Tout comme pour le pavillon d’accueil, les murs et cloisons, préfabriqués en usine, permirent de monter rapidement la maison. Néanmoins, l’installation des gérants dans les locaux a dû être retardée jusqu’au printemps suivant.

Parallèlement à ces travaux spectaculaires, car visibles et donnant un bien meilleur aspect à l’ensemble des bâtiments, l’intérieur de l’hôtel ne fut pas négligé. Des améliorations constantes furent apportées, telles que nouveau plancher dans la salle à manger, nouveau système de détection incendie, réfection de plusieurs chambres, reconstruction de sanitaires et douches, isolation du toit pour diminuer les frais de chauffage, pose d’un plafond rustique dans les WC. Beaucoup de ces tâches furent exécutées par des bénévoles. Chaque année est marquée par des travaux d’entretien ou embellissement. Un tel bâtiment nécessite constamment des investissements afin qu’il reste attrayant.

Pour terminer restait à rénover l’extérieur du bâtiment principal abritant l’hôtel et le restaurant. Ce programme très lourd était prévu pour être étalé sur deux ans, car il fallait remplacer l’ensemble des bardeaux en épicéa qui couvrent l’extérieur des murs par du châtaigner plus durable, mettre une isolation en liège, remplacer la toiture de la salle panoramique et de la cuisine, toute la zinguerie, aménager une entrée de l’hôtel plus grande et plus visible.

Ces travaux d’envergure et très coûteux débutèrent en 2004 par la démolition du garage inutilisable, car complètement sous la neige en hiver. A sa place est aménagée une terrasse d’été pour le restaurant. La grande rampe en béton pour handicapés est remplacée par un ascenseur près de l’entrée.

Deux saisons ne furent pas de trop pour mener à bien ces travaux. Il fallait aussi ne pas trop gêner les clients de l’hôtel. Une fois de plus le Conseil Régional, les Conseils Généraux du Haut et du Bas Rhin, la communauté urbaine de Strasbourg, ainsi que certaines entreprises, sans oublier quelques associations Club Vosgien, ainsi que nos membres, contribuèrent au financement des travaux.

Ainsi, d’année en année, l’ensemble du site de l’hôtel aura bien changé d’aspect. Bâtiments reconstruits ou rénovés, plantation de végétaux et d’arbustes, aménagement d’un parking, toujours dans le respect de l’environnement, ont contribué à attirer touristes et randonneurs vers notre Chalet Hôtel.

Récemment des travaux portèrent sur le remplacement des chaudières et l’installation de portes coupe-feu dans les anciennes chambres.

Au cours de dernières années, des travaux d’embellissement ont été réalisés. Une nouvelle clôture constituée de piliers en granite et reliés entre eux par des rondins en bois, délimite maintenant notre propriété.  Sur la terrasse est implantée une statue en bronze dénommée Rendez-vous, réalisée spécialement pour le Chalet par l’artiste Marita WINTER et financée par la société CROISIEUROPE. Une table d’orientation également en bronze, dont le plan a été fait par notre regretté membre Gilbert Kaisser est présente sur la terrasse, laquelle a été offerte par le Crédit Mutuel. Plus loin, une stèle commémore l’engagement des Diables Bleus avec l’original du béret en bronze provenant de la statue des Diables Bleus, dynamitée en 1940. (…)

La vue depuis la terrasse du chalet-hôtel, avec la table d’orientation. (Photo archives LTD RANDO 68 - octobre 2022)

La vue depuis la terrasse du chalet-hôtel, avec la table d’orientation. (Photo archives LTD RANDO 68 - octobre 2022)

L’Histoire est présente devant le chalet-hôtel. (Photos archives LTD RANDO 68 - 2017 & 2021)

L’Histoire est présente devant le chalet-hôtel. (Photos archives LTD RANDO 68 - 2017 & 2021)

Le système de détection incendie a été remplacé en totalité avec une mise en place de 5 kilomètres de câbles. Un travail de titan. La mise aux normes handicapés a entrainé aussi de très gros travaux dans la maison, avec parfois des crises de nerfs de notre ancien gérant. C’est ainsi que le salon du rez-de-chaussée va devenir la chambre pour les handicapés avec implantation d’une douche/WC ; une partie de la salle panoramique va servir à construire des WC PMR ; un parking handicapé a été créé.

Pendant la fermeture annuelle, nos bénévoles réalisent chaque année des travaux d’entretien, de peintures, de carrelages, d’agencements divers afin que la maison reste accueillante. (…)

(Photo archives LTD RANDO 68 - Janvier 2021)

(Photo archives LTD RANDO 68 - Janvier 2021)

L’article paru le 12/04/2023 dans la presse quotidienne locale, ‘‘L’Alsace’’ et ‘‘Les Dernières Nouvelles d’Alsace’’, et signé Frédéric Stenger. (Photo-scan Serge Ehret)

L’article paru le 12/04/2023 dans la presse quotidienne locale, ‘‘L’Alsace’’ et ‘‘Les Dernières Nouvelles d’Alsace’’, et signé Frédéric Stenger. (Photo-scan Serge Ehret)

LE SOMMET DU GRAND BALLON

En allemand : Belchen, en alsacien : Grosser Belchen, autrefois appelé Ballon de Guebwiller. Il est le point culminant du massif des Vosges, altitude 1 424 m (ou 1 423). On y voit le monument aux ‘‘Diables bleus’’ de la Première Guerre mondiale, qui sont les Chasseurs alpins : il a été érigé en 1927 à l'instigation du Club Alpin Français, et inauguré par Raymond Poincaré. Le sommet est équipé depuis 1997 d'un radar (situé sur le ban de la commune de Goldbach-Altenbach) servant à l'aviation civile, pour la gestion du trafic aérien du centre de contrôle régional de Reims ainsi qu'à l'approche des aéroports internationaux de Mulhouse-Bâle et Strasbourg.

Liens assez complets Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_Ballon ou Office de Tourisme https://www.tourisme-guebwiller.fr/fr/decouvrir/incontournables-alsace-region-de-guebwiller/le-grand-ballon-vosges-alsace.html ; autres liens succincts https://www.visit.alsace/232005806-le-grand-ballon/  ou https://www.lemarkstein.net/fr/decouvrir/grand-ballon/

(Photo archives LTD RANDO 68 - octobre 2022 et janvier 2021)
(Photo archives LTD RANDO 68 - octobre 2022 et janvier 2021)

(Photo archives LTD RANDO 68 - octobre 2022 et janvier 2021)

(Photo archives LTD RANDO 68 - juillet 2020 et mai 2017)
(Photo archives LTD RANDO 68 - juillet 2020 et mai 2017)

(Photo archives LTD RANDO 68 - juillet 2020 et mai 2017)

Grandeur et misère du plus haut sommet d’Alsace. (Photos archives LTD RANDO 68 - 2019 & 2022)

Grandeur et misère du plus haut sommet d’Alsace. (Photos archives LTD RANDO 68 - 2019 & 2022)

Le Monument aux Diables Bleus. (Photos archives LTD RANDO 68 - 2021 & 2022)

Le Monument aux Diables Bleus. (Photos archives LTD RANDO 68 - 2021 & 2022)

LE COL DU GRAND BALLON

Le col du Grand Ballon (altitude 1 341 m ou 1325 m) est un col du massif des Vosges, sur la Route des Crêtes. Il doit évidemment son nom au Grand Ballon, plus haut sommet du massif des Vosges, qu'il contourne par l'Est. Il ne s'agit pas d'un col essentiel pour le transport, mais les cyclistes le connaissent bien : le Tour de France y est passé 9 fois, la dernière en 2019.

Accès possible par la route depuis Willer-sur-Thur ou depuis Cernay par le col Amic (altitude 828 m), ou depuis le lac de Kruth par le Markstein, ou depuis Geishouse et le col du Haag (cyclistes uniquement).

Lien Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Col_du_Grand_Ballon

On trouve au col, outre de chalet-hôtel du Grand Ballon :

L’arrivée au col par la D 431 (Photos archives LTD RANDON 68 - 2019, 2020, 2021)

L’arrivée au col par la D 431 (Photos archives LTD RANDON 68 - 2019, 2020, 2021)

La nouvelle signalétique sur cette même D 431 commence (enfin !) à utiliser le nom de ‘‘col du Grand Ballon’’, avec une altitude qui n’est pas du tout celle du col, mais celle du sommet : nous avons au niveau du Département 68 de grands spécialistes…  (Photo archives LTD RANDO 68 - 2022)

La nouvelle signalétique sur cette même D 431 commence (enfin !) à utiliser le nom de ‘‘col du Grand Ballon’’, avec une altitude qui n’est pas du tout celle du col, mais celle du sommet : nous avons au niveau du Département 68 de grands spécialistes… (Photo archives LTD RANDO 68 - 2022)

Le restaurant ‘‘La vue des Alpes’’. (Photo archives LTD RANDO 68 - janvier 2021)

Le restaurant ‘‘La vue des Alpes’’. (Photo archives LTD RANDO 68 - janvier 2021)

Maison de l’abeille et du pain d’épices. (Photos archives LTD RANDO 68)
Maison de l’abeille et du pain d’épices. (Photos archives LTD RANDO 68)

Maison de l’abeille et du pain d’épices. (Photos archives LTD RANDO 68)

L’HISTOIRE DU CHALET-HÔTEL DU GRAND-BALLON
La ferme-auberge du Grand Ballon (Photos archives LTD RANDO 68 - 2017 & 2020)

La ferme-auberge du Grand Ballon (Photos archives LTD RANDO 68 - 2017 & 2020)

La ferme-auberge du Haag (Photos archives LTD RANDO 68 - 2021 & 2022)
La ferme-auberge du Haag (Photos archives LTD RANDO 68 - 2021 & 2022)

La ferme-auberge du Haag (Photos archives LTD RANDO 68 - 2021 & 2022)

QUELQUES RAPPELS :

 Vous trouverez LE TOUT RÉCENT tableau Excel permettant l’accès choisi à tous les circuits de ce blog (jusqu’au R 591 inclus) sur le lien http://ltd-rando68.over-blog.com/2023/03/nouvelle-mise-a-jour-du-tableau-excel.html - et grand merci à Jean-Yves pour son travail régulier de mise à jour !

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► Administrateur du blog : Pierre Brunner, brunner.pierala@orange.fr

Le chalet-hôtel du Grand Ballon : fermé, en vente, et c’est vraisemblablement la fin d’une longue et belle histoire…  (Photo archives LTD RANDO 68 - septembre 2021)

Le chalet-hôtel du Grand Ballon : fermé, en vente, et c’est vraisemblablement la fin d’une longue et belle histoire… (Photo archives LTD RANDO 68 - septembre 2021)