LE MILLION LTD : SÉQUENCE SOUVENIR
Comme le fameux MILLION (de lecteurs sur le blog) se rapproche à grands pas, j’ai choisi de reprendre les DÉCOUVERTES qui ont marqué le blog.
Nous voici aux Freundstein, le château et la chapelle, tout près de la Route des Crêtes D 431, entre le Hartmannswillerkopf et le col Amic ; il y a aussi dans ce secteur une ferme-auberge, qui s’appelle Freundstein naturellement (https://www.ferme-auberge-freundstein.fr/Freundstein.html)
Son descriptif a fait l’objet d’un article aussi complet que possible, paru sur ce blog en juillet 2016, voir le lien https://ltd-rando68.over-blog.com/2016/07/le-chateau-de-freundstein.html ; je n’en reprends ici que l’essentiel !
Et d’abord, on dit château du Freundstein, ou château de Freundstein ? On trouve les deux, les plus malins écrivant simplement ‘‘château Freundstein’’ ! Selon certains, du ferait référence à un lieu (château du Haut-Koenigsbourg), tandis que de se référerait à un patronyme (château de Ferrette), ce qui est le cas ici.
Le Freundstein est le plus haut château-fort d’Alsace, perché sur un rocher qui culmine à 927 mètres d’altitude (on trouve aussi 984, et même 948 par inversion de chiffres), au bord de la Route des Crêtes, sur le territoire de la commune de Goldbach-Altenbach. L’accès n’est possible qu’à pied, par le sentier de grande randonnée GR5 alsacien (balisé ‘‘rectangle rouge’’ par le Club Vosgien), le plus rapide étant depuis la route D 431, deux virages en contre-bas de la ferme-auberge, avec moins de 10 mn de montée.
La ruine est en fort mauvais état, il ne subsiste qu’un pan de mur du haut château percé de deux fentes d’éclairage, reste d’un donjon qui a aussi servi de logis (l’allure générale semble indiquer un plan quadrangulaire), et quelques retranchements taillés dans le rocher de la basse-cour, sans mur d’enceinte visible. L'escalier est également détruit, rendant l'accès au château périlleux ; comme les ruines sont fragiles, il faut faire attention où on marche, sans escalader les murs ni arracher ou déplacer de pierres. Bref, la ‘‘visite’’ de ce château s’effectue sous l’entière responsabilité de chacun, et il est recommandé de bien surveiller les enfants !
Le Freundstein fait partie du ‘‘Chemin des Châteaux-forts d’Alsace’’ (450 km, 80 châteaux, 28 étapes et 1 500 panneaux), voir le lien https://www.chateauxfortsalsace.com/fr/etape_type/chemin-des-chateaux-alsace/
Son histoire : construit vers la fin du 13ème siècle, il appartient alors à deux propriétaires, ce qui n’est pas banal : l'évêque de Strasbourg et l'abbaye de Murbach, parce qu’il est juste à la limite entre le territoire de l’abbaye et celui de l’évêché de Strasbourg ! Cité pour la première fois en 1297, il est donné en fief à une famille de Guebwiller, connue sous le titre de Waldner de (von) Freundstein. Laquelle a pour charge de surveiller les forêts de l’importante abbaye de Murbach, située à environ 6 km de la ville de Guebwiller. Relevant de deux suzerains, le château a joui d’une indépendance réelle au profit de la famille des Waldner de Freundstein et de ses vassaux.
Le château est fortement endommagé par un séisme en 1356, mais les embrouilles arrivent plus tard. En 1441, le sire zu Rhein enferme dans ce château, avec l’accord des Waldner, deux bourgeois de la ville de Mulhouse (une vraie provocation à l époque !), et cette dernière assiège la place pour les libérer. En 1490, les troupes de l’évêché de Strasbourg assiègent à leur tour le Freundstein, l’évêque étant en conflit avec les Waldner. Malgré la situation isolée du château, on ne s’y ennuyait guère ! En 1525, les paysans insurgés lors de la Guerre des Paysans, incendient le château, qui est reconstruit ensuite rapidement. Nouvelle catastrophe naturelle : l’édifice est détruit par la foudre le 17 août 1562. L’incendie dura plusieurs jours et fut visible depuis la plaine d’Alsace ! Après avoir été restauré au 16è siècle, il sera finalement et définitivement abandonné peu de temps après, les Waldner de Freundstein préférant des châteaux en plaine, plus confortables.
L’histoire du château continue pourtant, vue sa position stratégique : pendant la Première Guerre Mondiale, il servit de poste d'observatoire militaire de l’armée française, tout comme le Herrenfluh. C'est dans ce contexte que ses meurtrières furent agrandies, afin de pouvoir bénéficier d'une meilleure vue sur l'ennemi positionnée en plaine, entre Cernay et Soultz, et que fut construit par la suite un observatoire aménagé dans une galerie du roc. Du coup, le château a été bombardé à plusieurs reprises et durant trois années par l’armée allemande, et sévèrement détruit.
Le château est classé monument historique depuis 1922. Plus récemment, le secteur a été classé en ZNIEFF (zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique) sous le n° régional 1688242, par INPN, Inventaire National du Patrimoine Naturel ; le site est inclus dans le réseau Natura 2000.
→ Quatre siècles après son abandon, la ruine appartient toujours aux descendants de ses premiers occupants, à savoir la famille Waldner de Freundstein, ce qui est encore un fait unique !
Le Freundstein (Haute-Alsace, entre Grand Ballon et le Hartmannswillerkopf / Vieil-Armand) est le plus haut château fort des Vosges (Photo-drone Albert Speelmann, 2020). Photo communiquée par l’historien Jean-Marie Nick, que je remercie.
LA CHAPELLE
L’article d’origine est paru sur le blog en mai 2016, voir le lien https://ltd-rando68.over-blog.com/2016/05/la-chapelle-du-freundstein.html
Elle est uniquement accessible à pied, à partir du sentier balisé ‘‘rectangle rouge-blanc-rouge’’ par le Club Vosgien, au départ de la ferme-auberge éponyme, en direction du Camp Turenne. Dès l’entrée en forêt, dans le premier virage du sentier, on la repère un peu en contrebas sur la droite : le petit panneau qui l’indique est souvent malmené… Nous sommes sur le ban de la commune de Willer-sur-Thur.
Description : la chapelle mesure, dans ses dimensions extérieures, 3m de profondeur pour 3m20 de largeur au niveau de l’ouverture, l’épaisseur des pierres étant d’une cinquantaine de centimètres. De l’extérieur, on voit que les pierres de la partie arrière sont grosses, et posées les unes sur les autres selon la technique des murs en pierres sèches. À l’avant par contre, les pierres sont plus petites et cimentées. Le toit est en tuiles à emboitement, sur une charpente en bois. La décoration intérieure est sobre mais disparate. Des bénévoles de la commune continuent d’entretenir régulièrement l’intérieur de cette chapelle et ses abords.
Histoire : la chapelle du Freundstein a été construite durant la Première Guerre Mondiale par des soldats français, l’armée française occupant toute la vallée de Thann depuis le début du mois d’août 1914. Son nom d’origine était ‘‘ chapelle Notre-Dame-de-Freundstein’’. Le proche Camp Turenne (à l’époque Thomannsplatz), énorme complexe militaire logistique et sanitaire de l’armée française, transit obligé du ravitaillement en munitions et nourriture pour le HWK, ne possédait aucun lieu de culte, et cette toute proche chapelle, relativement abritée ‘‘du bon côté’’, prenait dès lors toute sa signification. Plus récemment, lors de la tempête de décembre 1999, plusieurs sapins sont tombés tout près de la chapelle, sans l’endommager, à part quelques tuiles qu’il a fallu remplacer : un vrai miracle, ont dit certains !
Rédaction et mise en page : Pierre Brunner, juin 2025. Courriel personnel brunner.pierala@orange.fr