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LA DOLLER, UNE EAU QUI COULE DE SOURCE !

LA DOLLER, UNE EAU QUI COULE DE SOURCE !

Après avoir tenté de découvrir la source de la Lauch, rivière de la vallée de Guebwiller (article publié sur ce blog le 2 juin 2016), voici quelques éléments sur la Doller, rivière de la vallée de Masevaux, et aussi rivière vitale pour l’agglomération de Mulhouse.

La source de la Doller, à la Fennematt.

La source de la Doller, à la Fennematt.

La source :

La source de la Doller est aussi limpide que son eau : elle se situe au lieu-dit Fennematt, à 922 mètres d'altitude, dans le massif du Ballon d'Alsace (eh oui !) et sur le ban de la commune de Dolleren. Les historiens nous rappellent que la Fennematt fut, de 1871 (défaite française et signature du traité de Francfort, par lequel la France cède à l'Allemagne l’Alsace-Lorraine) à 1919 (signature du traité de Versailles, qui a mis fin à la Première Guerre mondiale), une frontière nationale entre la France et l'Allemagne. Pour cette raison, la source de la Doller bénéficie de deux mentions, l’une en allemand, gravée dans la pierre (Doller Quelle [= source, en allemand], 1906 [date du premier captage]), et l’autre en français, sur un bel écriteau récent (source de la Doller, 1996 [date du réaménagement de la source]). La sculpture métallique en-dessous pourrait représenter un cygne.

Sous réserve : le nom « Doller » est ce qu’il y a de plus ancien pour cette rivière et sa source. En effet, son origine est manifestement celtique, voire préceltique et signifierait, selon l’étymologie couramment admise, ‘’ l’eau qui coule ‘’, « die Oller ». (Source probable : ex-Office de Tourisme de Masevaux).

Doller Quelle, source de la Doller.

Doller Quelle, source de la Doller.

Accès :

C’est évidemment à pied que les accès à la source de la Doller sont les plus intéressants. Citons entre autres :

  • Depuis Dolleren, par le Schlumpf (je ne l’ai jamais fait).
  • Depuis Sewen, par le GR 531 (***, c’est très beau !).
  • Depuis le parking du Lachtelweier, par la ferme-auberge Lochberg (**, rapide et facile, si on ne craint pas les montées).
  • Depuis Masevaux, par le GR 531 et le Lachtelweier (***, très beau et varié, le fléchage a été refait récemment).
  • Depuis Masevaux, par le GR 532, le Sudel et le Baerenkopf (**, c’est beau mais vraiment long, surtout les montées au Sudel et au Baerenkopf).
  • Depuis Rougemont-le-Château, par St-Nicolas, le Trou du Loup et le Baerenkopf (***, très agréable, et on peut même laisser la voiture à St-Nicolas).

Il est aussi possible d’accéder en voiture, au départ de Sewen, par la route qui conduisait à l’ancienne ferme-auberge Fennematt. De l’autre côté du massif, on s’en rapproche pas mal en arrivant en voiture jusqu’au lac du Lachtelweier, depuis Wegscheid.

La Doller à Niederbruck.

La Doller à Niederbruck.

Le cours de la rivière :

La Doller est la plus méridionale des rivières du flanc alsacien des Vosges !

Au départ, elle se trompe de direction, et part résolument vers l’Ouest. C’est en arrivant aux abords de Sewen qu’elle s’aperçoit de son erreur, et effectue un virage à 180° pour couler vers l’Est, comme les autres rivières du secteur, la Thur et la Lauch. C’est évidemment une faille géologique dans le massif du Ballon d’Alsace qui est responsable de cette bizarrerie, et on se dit que, dans des temps reculés, la Doller a peut-être été tentée de descendre vers le Territoire de Belfort.

Au final, le cours de la Doller totalise 46 km, pour un dénivelé de près de 700 m ; son bassin versant est de 215 km². Une bonne partie de ce bassin est classé comme site Natura 2000. À titre de comparaison, la Lauch coule sur 50 km pour un bassin de 390 km², et la Thur a une longueur de 60 km pour 262 km² de bassin.

La Doller traverse les villes et villages de Sewen, Dolleren, Oberbruck, Wegscheid, Niederbruck, Sickert, Masevaux, Lauw, Sentheim, Guewenheim, Burnhaupt-le-Haut, Burnhaupt-le-Bas, Reiningue, Lutterbach et Pfastatt ; elle se jette dans l’Ill à Illzach (altitude 240 m).

La Doller à Lauw.

La Doller à Lauw.

Particularités :

Trois éléments caractérisent la Doller : la pureté de son eau, son hydrologie et l’importance de son débit, et enfin le lac de Michelbach.

  1. La qualité de l'eau a notamment assuré pendant très longtemps une alimentation en eau potable du secteur mulhousien, sans aucun traitement. La vallée de la Doller était en effet réputée pour son eau de qualité, qui alimentait, via sa nappe phréatique, plus de 220 000 habitants de 50 communes, soit le tiers de la population haut-rhinoise ! Ajoutons que la Doller fait partie des cours d’eau parmi les mieux conservés d’Alsace. En effet, elle a échappé à divers projets de canalisation et d’aménagement qui l’auraient banalisée et endommagée. Pourtant, en 2009, la Doller s’est retrouvée déclassée pour la qualité chimique de son eau. Alors qu’elle possède des atouts certains au regard d’autres critères du milieu physique, les problèmes d’assainissement urbain non résolus représentent un retard de développement important dans la vallée de Masevaux. La réalisation d’un DOCOB (document d'objectifs), ainsi que d’un SAGE (schéma d'aménagement et de gestion de l'eau), sont des moments importants : ces documents de gestion permettent de résoudre les divergences à travers différents niveaux de considération sur les plans juridiques, scientifiques et même économiques.
  2. La Doller est une rivière très abondante. Son débit a été observé durant une période de 41 ans (1967-2007) à Reiningue, localité située à peu de distance à l'ouest de Mulhouse, et avant le confluent avec l'Ill. La Doller présente des fluctuations saisonnières de débit bien marquées. Les hautes eaux se déroulent en hiver et s'accompagnent d'un débit mensuel moyen situé dans une fourchette allant de 6,67 à 8,20 m3/s, de décembre à mars inclus, avec un maximum en février. Dès la fin du mois de mars, le débit moyen baisse progressivement jusqu'à la période des basses eaux qui a lieu en été, de juin à septembre inclus, avec une baisse du débit moyen mensuel allant jusqu'à 1,09 m3/s au mois d'août, soit 1090 litres par seconde, ce qui reste appréciable. Mais les fluctuations sont bien plus prononcées sur de courtes périodes et selon les années. En effet, à l'étiage, le débit peut chuter jusque 0,150 m3/s, en cas de période quinquennale sèche, soit 150 litres par seconde, ce qui devient sévère, mais cette situation se rencontre fréquemment au sein des cours d'eau de l'est de la France. Les crues peuvent être très importantes, jusqu’à 240 m3/s, ce qui correspond au volume moyen de la Seine à Alfortville, aux portes de Paris !
  3. Une étude entreprise par la Ville de Mulhouse en 1957 a abouti à la conclusion suivante : pour améliorer le rendement de la nappe phréatique de la Doller, il est indispensable d’entreprendre l’aménagement hydraulique de sa vallée. En effet, si au moment de l’étiage les ressources en eau sont insuffisantes pour alimenter l’agglomération mulhousienne, en période de crue une grande quantité d’eau pénètre dans la nappe phréatique, ce qui entraîne une remontée excessive de son niveau. La construction d’un lac artificiel (capacité : 7,2 millions de m3), avec une digue-barrage de retenue (hauteur 22,5 m, longueur 1 305 m) est décidée, à côté du village de Michelbach. L’eau arrive par une conduite gravitaire, et elle est restituée pour assurer une réalimentation progressive de la nappe en période d’étiage. Le plan d’eau de Michelbach est classé en réserve naturelle volontaire, et de très nombreuses espèces faunistiques sont représentées. Il est rapidement devenu un site d’observations et de tourisme, mais les activités telles que baignade ou camping sont naturellement interdites afin de préserver son état naturel. Depuis, l’eau captée en forêt de la Hardt (ou Harth), au nord de Rixheim, s’est rajoutée à celle de la Doller, et la construction d’un deuxième lac de retenue (Michelbach 2) est à l’étude…
Le lac de Michelbach.

Le lac de Michelbach.

Conclusion :

Voici ce qu’on peut retenir :

La Doller est la rivière de la vallée de Masevaux : elle prend sa source à la Fennematt, au-dessus du village de Dolleren, et se jette dans l’Ill à Illzach. Par sa nappe phréatique de bonne qualité, elle assure l'essentiel de l’alimentation en eau potable de l’agglomération mulhousienne, grâce au lac de Michelbach, qui permet d’en stabiliser la hauteur.

Textes et photos : Pierre Brunner, juillet 2017.

Sources :

http://observatoirealsace.free.fr/ZH/index.php/cours-deau/rivieres-dalsace/la-doller

http://eau-de-mulhouse.colinweb.fr/spip.php?article1

http://www.gesteau.eaufrance.fr/sage/doller

https://infogeo68.fr/Infogeo68/CMS/cartotheque?find=doller

http://www.smbm.fr/Syndicat-mixte-du-barrage-de-la-Michelbach/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Doller