La renouée du Japon, ici à Cernay, au bord de la Thur, à hauteur du lycée Gustave Eiffel (Photo P.BR. avril 2016)
Les pluies de ces derniers jours n’incitent pas vraiment à partir en balade sur les chemins de nos montagnes ou de nos forêts ; les pistes cyclables offrent une solution de repli, à condition d’être chaussé de bonnes baskets, avec des semelles adaptées. Depuis Cernay, je vais parfois, direction nord-est, sur Wittelsheim, Staff’-Rossalmend (l’ancien carreau Marie-Louise, devenu coulée verte, est agréable), Pulversheim (près de l’entrée de l’Écomusée), mon record étant Ensisheim. Dans l’autre sens, direction sud-ouest donc, c’est Vieux-Thann, Thann (au pied des vignes du Rangen), Willer-sur-Thur, mon record étant Saint-Amarin.
Cette piste cyclable longe la THUR, et on ne manquera pas d’observer le retour en force d’une plante redoutable, la renouée du Japon. À l’automne dernier, elle avait presque été éradiquée, d’autant que les tiges aériennes meurent en hiver. Seuls persistent des bourgeons souterrains et/ou au ras du sol, et avec toute cette humidité, la voici revenir en force. La renouée du Japon est une plante invasive (inscrite à la liste de l'Union internationale pour la conservation de la nature des 100 espèces les plus préoccupantes), originaire d’Asie Orientale, et naturalisée en Europe. Introduite aux Pays-Bas comme plante ornementale (si, si !) au 19ème siècle, elle est présente dans toutes les régions de France depuis le milieu du 20ème siècle.
On la reconnait facilement : elle a des tiges creuses rougeâtres, semblables à des cannes de bambou, de 1 à 3 m de haut. Au printemps, elle peut atteindre sa hauteur maximale (4 mètres) en 2 mois, c’est dire sa puissance ! Les feuilles vertes, alternes, ont un peu une forme de cœur, peuvent atteindre 15 cm de long et sont brusquement tronquées à la base.
Les petites fleurs blanches apparaissant en septembre-octobre. Pollinisées par les insectes, ces fleurs fournissent une source intéressante de nectar à une époque de l’année où les fleurs se font très rares. La renouée est donc une plante mellifère intéressante pour les apiculteurs, et c’est là son seul avantage.
Chez nous, les graines sont peu fertiles ; la reproduction de la renouée se fait par l’intermédiaire de longs rhizomes, de fragments de rhizomes dispersés, ou de boutures de tiges. C’est en cela qu’elle est redoutable ! Ces rhizomes passent sans problème sous les routes (et donc sous les pistes cyclables), sous les murs, et on retrouve la plante au milieu d’un champ : elle sera bientôt facile à repérer vers Wittelsheim (près de la passerelle bleue qui dessert le quartier de la Thur), ou entre Cernay et Vieux-Thann (juste après la passerelle sur le Thur et le skate-park).
La renouée du Japon affectionne les zones alluviales et les rives des cours d’eau (elle est donc très à l’aise chez nous, autour de la Thur), où l’humidité et la richesse nutritive du substrat lui permettent d’avoir une croissance optimale, conduisant à des peuplements monospécifiques. Ce qui signifie qu’elle est capable d’éliminer toutes les autres plantes, depuis les fleurs (même mellifères) jusqu’aux jeunes arbustes ! Elle peut former de larges fourrés denses aux bords des routes, alentours des jardins ou terrains abandonnés. Comment les viticulteurs du Rangen parviennent-ils à échapper à la renouée ? Les grandes quantités de produits chimiques pulvérisés sur ce vignoble, même encore par hélicoptère, l’expliquent peut-être…
Il faut ajouter que l'envahissement par la renouée du Japon et ses hybrides indique qu'une pollution des sols en métaux, surtout l'aluminium, a peut-être eu lieu ou est en cours. Par conséquent, la plante en elle-même est moins inquiétante pour la pérennité des écosystèmes locaux que la pollution qu'elle indique, dans la mesure où il est question d'une dégradation possiblement irréversible des sols.
Dans certaines régions du monde, la renouée est consommée (usages alimentaires et médicinaux). Par contre, en Europe, il n'est pas prudent de consommer des renouées récoltées, car la majorité des massifs s'est développée sur des sols artificiels : la probabilité que ces sols soient pollués et que la végétation qui se développe dessus soit impropre à la consommation humaine, est donc importante.
La lutte contre la renouée du Japon est difficile. Dans le lotissement où j’habite (Rives de la Thur), nous en avions 1 pied, réparti sur 3 jardins mitoyens, et il nous a fallu 2 ans pour en venir à bout ; chez moi, j’ai utilisé le désherbant thermique pour brûler les rhizomes ; un voisin a utilisé des produits chimiques, et l’autre les moyens mécaniques, pelle et pioche. Ce sont là les seules méthodes d’éradication. En effet, il suffit d'un fragment de rhizome portant un bourgeon pour régénérer la plante. Les débris végétaux issus de cette élimination ne doivent pas être compostés mais incinérés, pour prévenir un risque fort de reprise de végétation et donc de dissémination ; les outils doivent être très soigneusement nettoyés ! Pour moi, seules les ronces et les orties semblent parvenir à contenir naturellement la renouée du Japon.
Source : Wikipédia.