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LTD RANDO 68
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LE CLUB VOSGIEN VEUT DÉBALISER DES SENTIERS POUR LAISSER PLUS DE PLACE À LA NATURE

LE CLUB VOSGIEN VEUT DÉBALISER DES SENTIERS POUR LAISSER PLUS DE PLACE À LA NATURE

Pour une fois, je reproduis ici l’intégralité d’un article paru dans la presse quotidienne régionale alsacienne, ‘‘L’Alsace’’ et ‘‘Les Dernières Nouvelles d’Alsace’’, le 26 mars 2023, article signé Jean-François Ott. Parce que c’est un sujet important, qui mérite une lecture attentive et une réflexion sereine. Un sujet qui nous concerne tous/toutes, et qui s’inscrit dans la nécessaire et progressive évolution du Club Vosgien : une évolution parfaitement maîtrisée par le Président Fédéral Alain Ferstler et son vice-président Joseph Peter, ce dernier étant également président de la section du Club Vosgien de la Vallée de Saint-Amarin, et président du Club Vosgien 68.

Pierre Brunner, administrateur du blog LTD RANDO 68

→ Site de la Fédération du Club Vosgien, qui regroupe 128 associations dans le massif : https://www.club-vosgien.eu/

LE CLUB VOSGIEN VEUT DÉBALISER DES SENTIERS POUR LAISSER PLUS DE PLACE À LA NATURE

« Le massif vosgien doit-il devenir un terrain de jeu ou peut-il rester un lieu de vie pour la faune et la flore ? La Fédération du Club Vosgien s’est inspirée de cette interrogation cornélienne pour envisager de supprimer une partie des 20 000 km de sentiers qu’elle y entretient.

Plus d’un million de visiteurs annuels au Ballon d’Alsace. 64 000 sur le seul sentier des Roches en l’espace de six mois. « La pression humaine explose dans le massif vosgien », commente un membre du Club Vosgien. Crise sanitaire aidant, on se précipite pour fouler les milieux sauvages, caresser le grès des Vosges, respirer les terpènes qui font la ligne bleue. Bref, s’en retourner à la nature au galop y compris, désormais, avec une motivation supplémentaire : y retrouver de la fraîcheur en été.

4 000 membres en moins

Les différentes sections du Club Vosgien auraient pu sortir renforcées par cette course à la montagne. C’est le contraire qui se produit : « Depuis les confinements, nous avons perdu 4 000 membres, pour n’être plus que 28 000 », grogne Alain Ferstler, le président de la Fédération du Club Vosgien. L’intérêt croissant et parfois nouveau que suscite la nature ne se traduit pas dans l’engagement bénévole, du moins pas au Club Vosgien.

L’entretien et le balisage des sentiers que nous sillonnons en soufflant représentent pourtant une lourde charge de travail pour les bénévoles. Dans la vallée de Munster, 470 kilomètres de sentiers sont bichonnés par… 38 baliseurs. « Cela représente 6 000 heures de travail », compte Gérard Heinrich, le président de la section locale, qui, lui, ne constate pas de tensions sur les effectifs, dans sa vallée. Des travaux qui ne cessent de s’allonger : le dérèglement climatique et ses tempêtes, les scolytes, ces scarabées qui transforment les arbres en passoires, des déchets supplémentaires à collecter aussi. Et des actes de vandalisme, comme cet escalier métallique, près de Phalsbourg, démoli à la masse. « Plus d’actions de sensibilisation également. On les sollicite beaucoup, ces bénévoles », reprend Alain Ferstler.

LE CLUB VOSGIEN VEUT DÉBALISER DES SENTIERS POUR LAISSER PLUS DE PLACE À LA NATURE

15 % des sentiers à supprimer

Qui se demande comment gérer ces 20 000 km de sentiers du Club Vosgien, soit la moitié de la circonférence de la planète. « Pourra-t-on encore porter pelles et pioches demain pour retaper ces sentiers ? Aura-t-on encore les bras pour ? » Les réflexions lancées par la fédération il y a dix ans ont abouti à la conclusion que la fermeture d’une partie des sentiers s’imposait. « Il y en a trop. Il faut débaliser 15 % des sentiers mais je n’impose rien : aux sections locales de choisir et de prendre le temps pour le faire. » Concrètement, certains sentiers qui ne drainent pas assez de randonneurs, puisque c’est leur finalité, seront débalisés. Les parcourir ne sera pas interdit mais la nature se chargera de les effacer comme au Grand Ballon, où une initiative du CV a permis de canaliser la fréquentation et de gommer pléthore de sentiers sur le sommet. Les modifications seront relayées sur les applications puis les cartes en papier.

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« Il faut donner sa chance à la nature »

Le Club Vosgien vise la dédensification des sentiers sur certains secteurs. « Onze sentiers mènent au Hohlandsbourg, c’est trop. Deux sentiers relient le Gresson au col des Charbonniers, l’un d’entre eux a été débalisé. Tout comme trois autres au pied du Staufen. Nous supprimerons les sentiers sans enjeux, les doublons, les triplons et les quadruplons », énumère Joseph Peter, vice-président de la fédération. Avec ce risque que les déports renforcent la surfréquentation de certains sentiers. « Finissons-en avec la course aux kilomètres. Nous voulons privilégier la qualité, faire des sentiers pour le développement touristique, pour voir du patrimoine ou des paysages », argumente encore Alain Ferstler, à l’instar d’un sentier qui fait le tour du lac du Schiessrothried, proposé par la commune de Metzeral. « À Oberhaslach, nous allons également créer des sentiers pour relier les différents tronçons du circuit des Géants du Nideck, parsemé de sculptures ».  Il y aura à voir et à marcher.

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Reste un dernier argument, essentiel : « Les Vosges sont un tout petit massif et chacun l’apprécie à l’aune de ses pratiques, mais il faut donner leur chance aux formes de vie qui l’habitent », insiste Joseph Peter. Comme au Brézouard ou au Schneeberg en déviant les sentiers qui traversent les zones de quiétude défendues par le Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges et érigées pour permettre à la faune de souffler. Celui-ci, davantage soumis à la surfréquentation que le parc des Vosges du Nord, plaide en effet contre les superpositions et les entrelacs. La question est de taille : faut-il considérer les Vosges comme un terrain de jeu pour toutes pratiques ou bien les préserver en tant que lieu de vie pour la flore, pour la faune, à l’instar… du Grand Tétras ?

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Randonner autrement

Le fait de rétrécir ses sentiers n’empêche pas de développer de nouveaux projets. « Beaucoup de randonneurs souhaitent en apprendre davantage sur les milieux naturels qu’ils traversent, ou s’ouvrent à la sylvothérapie. Les bénévoles de notre club ne sont pas que des mulets, ils peuvent également porter des projets reposant sur le partage de leurs connaissances, souligne Alain Ferstler : à Diemeringen, ils se promènent en forêt avec les enfants d’un IME. Idem à Saint-Avold avec des classes entières. » Il rêve de petits circuits de quelques kilomètres posés çà et là à destination des personnes à mobilité réduite. À Saint-Jean-Saverne, le bénévole Patrick Gebus a participé à la création d’une section jeunes avec laquelle il a imaginé un sentier des sorcières ponctué de renseignements, qui a été inauguré il y a quelques mois. « Les gens ne veulent plus randonner bêtement », se justifie-t-il. Sa section organise régulièrement des rencontres avec des forestiers, des chasseurs ou des naturalistes.

Randonner autrement et être hébergé autrement. À Climbach, le Club Vosgien a participé à la conception d’une aire de bivouac conçue par des architectes sur le tracé du fameux GR53. Tout comme le long du GR7, près de Vittel, où un chapelet de cabanes a été posé dans le même but. »

→ Les photos ci-dessus sont © ‘‘L’Alsace’ & ‘‘Les Dernières Nouvelles d’Alsace’’.

CI-DESSOUS : UN RAJOUT DE LTD RANDO 68.

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Débaliser, c’est enlever les balises de… Un verbe transitif du 1er groupe ; étymologie : de baliser, avec le préfixe dé- (indiquant qu’on enlève quelque chose, ou que l’on prive de quelque chose). On peut débaliser un sentier, qui était jusqu’alors permanent et visible partout, sur le terrain, les cartes, les tracés GPS ; on peut aussi débaliser un parcours temporaire de marche populaire, trail-running, course nature, marathon, circuit VTT, etc… Parfois, le débalisage volontaire et prématuré d’une épreuve est le fléau qui frappe chaque organisateur, assimilé à un acte de sabotage, qui peut anéantir une organisation en quelques minutes. (Source : https://adeorun.com/blog/conseils-organisateurs/debalisage-baliser-course)

→ Exceptionnellement, pour cet article seulement, j’ai décidé de publier tous vos commentaires, sans jouer mon rôle de modérateur ni rajouter mon propre commentaire, comme je le fais habituellement : merci de votre compréhension.

Pierre Brunner, rédacteur-administrateur du blog LTD RANDO 68 (brunner.pierala@orange.fr)