→ 4,5 km ~ D+ 18 m ~ Très facile (1/6) ~ ***
La ville de Cernay est traversée par la Thur. Vous saurez tout, ou presque, concernant cette rivière en cliquant sur le lien perso http://ltd-rando68.over-blog.com/2016/08/une-source-en-pleine-na-thur.html ; plus localement, en partant de Cernay, voici la Thur sauvage et le Canal Usinier avec le lien tout aussi perso http://ltd-rando68.over-blog.com/2017/11/cernay-la-thur-sauvage-et-civilisee-r112.html.
Cette fois, nous voici à la découverte des ponts et passerelles sur la Thur ; j’ai volontairement zappé le pont de la 4 voies (RD 83), en dehors de la ville et du périmètre Covid de sécurité, d’autant qu’il dépend du Conseil Départemental, après avoir été longtemps rattaché à l’Équipement de l’État.
Je vous présente donc 3 ponts et 3 passerelles, grâce à un circuit court et facile. Mais les recherches historiques concernant les ponts furent tout sauf courtes et faciles…
Photo F - Le pont ‘‘Médecin-Capitaine Pierre Mourier’’, situé au cœur du quartier des Rives de la Thur, est très vite devenu vital pour la cité des cigognes.
Départ et arrivée : croisement entre la rue Plaise Pascal et l’avenue Albert Schweitzer à CERNAY. Temps du circuit : 55 mn (A). Distance : 4,5 km (B). Dénivelé positif : 18 m (B). Difficulté particulière : aucune. Conseil : chaussures de sport en bon état. Date et conditions météo de cette marche : 24/04/2020, très beau temps ensoleillé, légère bise, températures (C) au départ et à l’arrivée 25°. Participant : moi-même. Niveau de ce circuit : très facile (1/6). Intérêt : très intéressant ***.
→ AVEC OPENRUNNER : L’accès direct à ce parcours est ici, il est téléchargeable sur GPS : https://www.openrunner.com/r/11228675
LE PLAN
DESCRIPTIF :
Départ classique : rue Blaise Pascal, qui continue sur la droite par la rue des Tulipes.
╗ Au Stop, prendre à gauche l’avenue Montaigne.
╔ À hauteur de l’usine Protechnic, prendre à droite la rue des Crocus, et au rond-point c’est tout droit : nous montons sur le plus récent des ponts routiers traversant la Thur.
A - LE PONT DES DEUX RIVES
Il a été inauguré le 25 octobre 2015 : son nom avait été choisi grâce à un référendum citoyen, à partir de 5 propositions émises par le Conseil Municipal. Ce pont relie évidemment les deux rives de la Thur, mais plus symboliquement il relie aussi les deux villes de Thann et Cernay, à présent unies dans une même communauté de communes, la CCTC.
Un clip sur l’inauguration de ce pont, produit et réalisé par VT_DRONE, est disponible sur YouTube, lien https://www.youtube.com/watch?v=kBk0_Mw8ymI (durée 5 mn 30).
On verra qu’en 5 ans, le paysage a bien changé. Les immeubles poussent comme des champignons des deux côtés, et ce n’est pas terminé : le secteur, calme et baigné de nature, est évidemment très demandé. De l’autre côté se trouvent le Pôle ENR-BBC : ouvert depuis 2013 (on le voit sur le clip), il héberge une douzaine d’entreprises et un centre de ressources pour tous les publics, en liaison avec le lycée Gustave Eiffel de Cernay pour le secteur des BBC, bâtiments basse consommation. Juste après, c’est le nouveau Centre de Chiens Guides d’Aveugles, qui sera géré par les Chiens Guides de l’Est.
Pour la suite du circuit : suivre la rue des Crocus jusqu’au Sens Interdit.
╔ Continuer à droite la rue Bartholdi, jusqu’au bout.
╗ Suivre à gauche la rue Gustave Eiffel, jusqu’au grand rond-point.
╔ À droite, rue de Wittelsheim.
╔ À hauteur d’un garage automobile, prendre à droite la petite rue des Champs, qui continue vers la gauche à hauteur des logements de fonction du lycée du Bâtiment.
Nous arrivons au deuxième pont routier : la rue Poincaré prolonge ici le faubourg de Belfort, et donne accès au centre-ville.
B - LE PONT BASSET
De son nom complet ‘‘Pont Lieutenant-Colonel Pierre Basset’’, il est le plus ancien des ponts de Cernay, mais on ne trouve plus rien sur Internet concernant sa construction – et la section ‘‘histoire’’ du site de la mairie a été réduite à sa plus simple expression : dommage.
Par contre, les renseignements sur Pierre Basset sont accessibles.
Pierre BASSET
Ce lieutenant-colonel du 152ème Régiment du Génie fut mortellement blessé le 31 janvier 1945 près de ce pont par des soldats allemands, alors qu’il vérifiait personnellement l'état de l'ouvrage, avant de déclencher la libération de la ville.
« Le 152ème Régiment du génie a été créé le 1er avril 1944 à Castiglione, près d’Alger, sous le commandement du lieutenant-colonel Pierre Basset. (…) Après une période d’instruction sur le matériel américain, le 152ème traverse la Méditerranée pour débarquer dans le golfe de St-Tropez le 30 août 1944. (…) Le 11 septembre, premier contact avec l’ennemi à Lisle-sur-le-Doubs. D’octobre 1944 à février 1945, Belfort, Mulhouse, poche de Colmar, avec les 2ème DIM, 9ème DIC et 4ème DMM : construction de plus de 70 ponts et passerelles, pose de mines, abattis, aménagements de blockhaus, rétablissement des communications et pistes, opération de déminage.
Le lieutenant-colonel Basset, son second, le chef de bataillon Feuvrier, leur officier de liaison, le lieutenant Schaaf et leur chauffeur, s'étaient rendus en mission de reconnaissance près du pont sur la Thur pour vérifier personnellement l'état de l'ouvrage. Deux camions allemands visiblement abandonnés stationnaient sur le pont. Le colonel et son second s'avancèrent. A trente mètres de là, des ennemis dissimulés sur l'autre rive les laissèrent s'approcher avant d'ouvrir le feu. Le colonel et le chef de bataillon, grièvement blessés parvinrent à se traîner à l'abri des camions abandonnés et crièrent leurs instructions au lieutenant Schaaf. Ce dernier tenta de leur porter secours. Feuvrier refusa toute assistance, demandant que le colonel soit secouru en priorité. Le colonel, se sachant perdu, donna l'ordre formel à Schaaf de retourner au PC pour donner l'alerte. Une mission de sauvetage fut envoyée, comprenant un médecin et deux brancardiers. A leur arrivée, ils essuyèrent une nouvelle rafale ennemie, le médecin fut blessé, un des brancardiers tué. Ce n'est que tard dans la nuit que le lieutenant Schaaf vint personnellement accompagner une ultime mission, celle de ramener les corps des trois hommes.
Le colonel Basset était un ancien de la campagne de Tunisie, nommé trois fois à l'ordre du Corps d'Armée. Le chef de bataillon Feuvrier n'était au 152ème Régiment du Génie que depuis trois jours.
Le colonel Thuaire prend le commandement du régiment le 19/2/45, après la mort tragique du lieutenant-colonel Basset, à Cernay (68). Les opérations de franchissement du Rhin ont lieu du 20 mars au 20 avril 1945. » (Source : https://books.google.fr/books?id=jegtBAAAQBAJ&pg=PA170&lpg=PA170&dq=lieutenant+colonel+pierre+basset&source=bl&ots=TEkToQwl79&sig=ACfU3U275j_LQnVANVIC3hEnxvWchI3JeA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiDsIqFuYHpAhUL0uAKHdX4BPM4HhDoATAFegQIChAB#v=onepage&q=lieutenant%20colonel%20pierre%20basset&f=false)
« Dans les premiers jours de mai 1945, le régiment s'installe à Hard-am- Bodensee, sur les rives du lac de Constance. Les Compagnies sont dispersées dans la région pour le relevage des ponts Bailey et la reconstruction des infrastructures routières et ferroviaires.
13 mai 1945 : le temps superbe continue d'inonder notre victoire, mais aujourd'hui l'ambiance n'est plus à la fête. Le colonel Delaleu, commandant en chef du Génie du 1er Corps d'Armée, nous rend visite pour assister à la messe de recueillement à la mémoire des morts du 152ème. La cérémonie aura lieu à 10h30, en l'église Sankt Sebastian de Hard, une petite bâtisse fraîche et simple située au bord du lac. Trente représentants par compagnie assistent à la messe, durant laquelle seront disposés les fanions portant tous le croissant musulman au sommet de leur hampe. La blanche nef à colonnade offre un décor pur et lumineux à nos fières couleurs.
La cérémonie prend vite des accents de funérailles lorsque sont appelés, un à un, les noms des ‘‘Morts pour la France’’ du régiment : Pierre Basset et Louis Feuvrier, bien sûr, mais aussi Oucif Hadjar, Messaoud Alioum, Ali ben Mohamed, Abdelkader Bekraoua, Victor Chouraki, Hippolyte Plavis, Michel Jacot, Pierre Bry…
Le 152ème est un régiment cosmopolite, comme les aime de Lattre, venu ‘‘des colonies pour sauver le pays’’, fidèle en cela à notre chant fétiche. L'immense majorité de ses soldats disparus tombèrent durant les combats des Vosges et d'Alsace. Nous saurons plus tard que peu s'en souviendront. » (Extrait de ‘‘Ma dernière Vie’’ de Fréderique Léon Guittat, source http://www.effelle.fr/francais-libre/152e-regiment-du-genie/page2.html)
Pour la suite de l’itinéraire : traverser la rue Poincaré (pas le pont !) et continuer tout droit, rue René Guibert. Après les Ateliers Municipaux et la centrale cogénération Engie, au rond-point, continuer tout droit. Le camping est à droite, l’Espace Culturel et la nouvelle piscine à gauche.
Plus loin, la rue se sépare en deux, et on arrive à la zone sportive : terrain de pétanque, complexe sportif Daniel Eck et stades, et skate-park.
╔ Juste avant le skate-park (après le panneau d’info sur la Thur Sauvage), prendre à droite : un nouvel aménagement permettant une pause casse-croûte à l’abri a été installé ici, et nous arrivons sur la piste cyclable, devant une passerelle.
C - LA PASSERELLE DU SKATE-PARK
Le nom retenu ici n’a rien d’officiel. Cette passerelle a été installée en 2007 : d’un poids de près de 10 tonnes pour 35 mètres de portée, elle a été financée par la ville de Cernay et l’ex Conseil Général du Haut-Rhin. Nous sommes ici sur un itinéraire cyclable important (VV 11 et Eurovélo 5, voir plus loin), qui est aussi lieu de promenade et de footing très prisé des Cernéens.
Nous ne franchissons pas la passerelle, mais suivons la piste cyclable vers la droite, dans le sens du courant de la Thur donc et pour revenir vers le centre-ville. Nous longeons le terrain de camping et arrivons à notre seconde passerelle.
D - LA PASSERELLE DU GRÜN
Aucun renseignement n’est disponible sur Internet concernant cette passerelle, tant pis. Son nom usuel est emprunté à celui du centre culturel qui se trouve juste de l’autre côté de la Thur. L’importance de ce passage, réservé aux piétons et aux cyclistes, n’échappera à personne.
↑ Pour la suite : sans traverser la passerelle, nous continuons tout droit sur la piste cyclable, passons sous le pont Basset, et longeons encore un moment la Thur, jusqu’à la 3ème et dernière passerelle.
E - LA PASSERELLE DU LYCÉE DU BÂTIMENT
Étroite comme une passerelle, destinée donc aux piétons et aux cyclistes, elle est régulièrement taguée, et tout aussi régulièrement repeinte. Je n’ai pas d’autre renseignement, son nom usuel étant évidemment emprunté au lycée professionnel qui la jouxte : ‘‘lycée et CFA des métiers du bâtiment et des travaux publics’’, ou lycée du bât’ pour faire vite.
↑ Nous continuons encore sur la piste cyclable, et arrivons au 3ème et dernier pont routier.
F - LE PONT MOURIER
Son nom exact et complet est ‘‘Pont Médecin-Capitaine Pierre Mourier’’ ; il a été inauguré en 2005, et son importance est grande ici, avec un trafic en constante augmentation, 24 h / 24.
Les précisions concernant Pierre Mourier sont données sur le site Internet.. de la proche commune de Steinbach, grâce aux immenses et précieux travaux de recherches effectués par une adjointe au maire, Christine Agnel, que l’on ne remerciera jamais assez.
Pierre Mourier
« 30 janvier 1945. La bifurcation de la route Vieux-Thann-Cernay et Steinbach-Uffholtz, dont le 3ème Bataillon du 1er RTA (Régiment de Tirailleurs Algériens) a pour mission de s’emparer, est prise sous le feu d’armes automatiques et de tireurs d’élite allemands. Plusieurs blessés français attendent les premiers soins au PC de la compagnie, installé près de la maison Armsbruster, sur le ban de Steinbach. Ignorant le danger, le médecin-capitaine Pierre Mourier (promotion 1946 de l'École de Santé Militaire), du 3ème Bataillon, portant le brassard de la Croix-Rouge, sort du véhicule sanitaire, lui-aussi identifiable, se met à soigner les blessés. Cinq minutes plus tard, il est tué d’une balle en pleine tête par un tireur d’élite. Il avait 32 ans. Il sera décoré de la Croix de la Légion d’Honneur à titre posthume. Il repose à la nécropole militaire de Sigolsheim. Le 4 février 2005, Cernay a baptisé le nouveau pont sur la Thur ‘‘pont du médecin-capitaine Pierre Mourier’’. » (Source : la libération de Steinbach, Christine Agnel, http://www.steinbach68.org/liberat.htm)
Le récit détaillé de cet épisode a été écrit par Sébastien Lonjaret (texte transmis par Christine Agnel, que je remercie encore) :
« 30 janvier 1945, vers les 13h. Le médecin-capitaine Pierre MOURIER apprend que plusieurs blessés de son bataillon (le 3ème) attendent les premiers soins au P.C de compagnie installé à gauche, un peu en retrait de la route, à 50 mètres de la bifurcation (Maison Armbruster 4 route de Thann).
Le jeune médecin-capitaine se rend donc immédiatement au P.C du bataillon avec deux infirmiers-brancardiers et ils prennent place à bord de deux Half-Track sanitaires d’un régiment de Dragon, tout juste revenus de l’évacuation de leur général.
Arrivée à 15-20 mètres de la maison du P.C de la 12ème Cie. Vers 13h40, le médecin-capitaine sort du semi-chenillé sanitaire avec son personnel. Après avoir échangé quelques mots avec le Lieutenant Vivier de la 12ème Cie, il se met au travail.
Les balles commencent à claquer sur les parois blindées du Half-Track sanitaire, pourtant peintes de grandes croix rouges et surmonté d’un grand drapeau de neutralité.
Une première balle blesse le caporal Chouk, qui était l’un des blessés à évacuer. Une seconde balle blesse le brancardier Alemani qui chargeait un blessé près du médecin. Une troisième balle frappe l’infirmier du Half-Track.
Le caporal-Chef Dammani demande au médecin-capitaine de prendre garde, car les tirs sont précis et il y a déjà plusieurs blessés. Le médecin lui répond qu’il faut continuer de mettre les blessés à l’abri dans le blindé, et que les allemands vont bien se rendre compte que le drapeau de la croix rouge flotte devant eux.
Soudain, au moment où le médecin-capitaine Mourier s’apprête à poser un garrot, il s’effondre ! Une balle vient de le toucher en plein front, entre les deux yeux. Il est 13h45. »
Voici une autre précision, apportée tout récemment par Jeff Nuss, actuel chef de la Musique Municipale de Cernay, que je remercie lui-aussi : « La Musique Municipale de Cernay a joué pour l'inauguration du pont, qui fut combiné avec la fête de la Libération de Cernay. Cela tombe le 4 février : on a dû souffler très fort pour nous réchauffer !! C’était en 2005, pour les 60 ans de la Libération. »
Photo F - Le pont, la rue Gustave-Eiffel étant photographiée dans l’autre sens, avec à droite, le Centre Sportif des Rives de la Thur.
Le circuit se termine par le franchissement du pont Mourier, rue Gustave-Eiffel, et nous rejoignons notre point de départ, après 55 mn de marche (A).
Circuit et photos : Pierre Brunner, avril 2020 (Courriel personnel brunner.pierala@orange.fr). Appareil photo Canon EOS 50D, objectif 18-135 mm.
(A) LE TEMPS INDIQUÉ est celui d’un randonneur entraîné, marchant à une allure assez soutenue (4,9 km/h) ; il inclut la prise des photos.
(B) DISTANCE EXACTE ET DÉNIVELÉ POSITIF : ils sont calculés à partir du site OpenRunner https://www.openrunner.com/
(C) TEMPÉRATURES : elles ont été relevées, au départ et à l’arrivée, sur le thermomètre de ma terrasse, à l’abri du soleil et du vent.
NIVEAU DES CIRCUITS : ils sont classés en 6 niveaux : très facile (1/6), facile (2/6), un peu difficile (3/6), assez difficile (4/6), difficile (5/6), extrêmement difficile (6/6) – ce dernier niveau ne devrait jamais être proposé ici.
INTÉRÊT DES RANDONNÉES : * = un peu intéressante ; ** = assez intéressante ; *** = très intéressante.
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