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LTD RANDO 68
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GARE AUX TIQUES !

GARE AUX TIQUES !

Pluie et chaleur, c’est le cocktail de prédilection de ces petites bêtes : les tiques sont de retour ! La variété la plus ancienne et la plus présente en France affectionne particulièrement les forêts, sans oublier les jardins et autres espaces à forte végétation. Le Haut-Rhin et le Bas-Rhin sont, avec la Meuse, les trois départements les plus concernés de France, et donc les plus touchés par la maladie de Lyme.

Les panneaux d’information commencent à apparaitre sur les sentiers de randonnée. (Photomontage P.BR. 06/2016)

Les panneaux d’information commencent à apparaitre sur les sentiers de randonnée. (Photomontage P.BR. 06/2016)

Commençons par le commencement, sans entrer dans les mots scientifiques : une tique, c’est un acarien parasite (*) de grande taille, de 1 à 6 mm en moyenne, quand elle n’est pas gorgée de sang. Elle est donc parfaitement visible à l’œil nu. La tique se compose de deux parties : la tête est équipée d’une batterie d’outils capables de sentir et donc de choisir leur hôte, et l’endroit le plus intéressant pour s’y fixer (fonction sensorielle), puis de couper la peau (la morsure combine une action mécanique à une action chimique par la salive), et finalement de s’y fixer solidement en enfonçant le dispositif suceur de sang (= le rostre). Le corps de la tique porte les pattes (4 paires), l’appareil génital et l’anus.

Il existe plus de 800 variétés de tiques, et les tiques du chien et du chat ne sont pas celles qui s’intéressent aux êtres humains. Les tiques passent une partie de leur cycle au sol (éclosion, métamorphose et quête d'un hôte), et une autre partie ancrées sur la peau de mammifères (sauvages et d'élevage, et les êtres humains sont aussi des mammifères !), d'oiseaux ou de reptiles, se nourrissant de leur sang. Ce sont surtout les femelles adultes nourries, ou en train de se gorger de sang, qui sont les plus repérables, car elles deviennent énormes ! Une femelle peut être 600 fois plus lourde après son repas qu'avant. À titre de comparaison, pour un être humain, ce serait comme de passer de 60 kg à 37 tonnes après 4 ou 5 jours de repas constant ! De tels repas permettent aux tiques femelles de pondre de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de milliers d'œufs, selon les espèces.

En Europe, la tique n'est pas dangereuse dans l'immédiat, mais elle peut transmettre à ses hôtes, et notamment à l'homme, des maladies que l'on appelle "vectorielles", la plus connue étant la maladie de Lyme. La maladie de Lyme a un diagnostic difficile, car à retardement : lorsque les symptômes apparaissent, on a déjà oublié la tique accrochée à la peau il y a plusieurs jours, ou plusieurs semaines ou même plusieurs mois, ou on ne l’a même pas vue ! La maladie de Lyme est d'une maladie infectieuse due à une bactérie (Borrelia, dont il existe plusieurs espèces), qui peut toucher plusieurs organes, principalement la peau, les articulations et le système nerveux. On estime en France qu’il y a un nouveau cas pour 6 000 habitants par an, avec de nombreux cas jamais diagnostiqués.

Comment reconnait-on la ou les tique(s) ? Si elle n’est pas encore fixée, la tique est petite, 1 mm à peine, elle est noire, et elle se déplace lentement au moyen de ses pattes, sans sauter. Elle est évidemment plus difficile à voir sur des jambes ou des bras très poilus ! Si la tique est déjà fixée, on ressent une petite démangeaison (mais pas toujours), et on voit le point noir gonfler. Pas immédiatement, cela peut prendre plusieurs heures, ou même quelques jours.

Que faut-il faire si on a été mordu par une tique ? On parle effectivement de morsure ! Il est important d’extraire les tiques le plus vite possible. En effet, si la tique est porteuse de la bactérie Borrelia, le risque de transmission de cette bactérie augmente avec la durée d'attachement de la tique à la peau. Pour le reste, voici les conseils de l’Assurance Maladie :

  • après une promenade en forêt, en zone broussailleuse ou en zone humide, pensez à inspecter minutieusement tout votre corps pour trouver les tiques éventuelles. Regardez notamment les aisselles, les plis du genou, le pubis et les organes génitaux, le cuir chevelu, où sont habituellement localisées les piqûres ; examinez également vos enfants. Les morsures de tiques ne doivent pas passer inaperçues !
  • si vous constatez la présence de tiques, n’appliquez aucun produit, ni éther ni alcool, cela pourrait faire régurgiter les tiques. La bactérie Borellia, présente dans la salive des tiques et responsable de la maladie de Lyme serait alors libérée !
  • retirez toutes les tiques le plus rapidement possible, en utilisant un tire-tique (vendu en pharmacie) ou à défaut, une fine pince à épiler. Agrippez délicatement les insectes au plus près de la peau et tirez-les doucement mais fermement. Pour ne pas casser l’appareil buccal (le rostre), faites un mouvement circulaire, dans le sens inverse des aiguilles de la montre.
  • si vous n’avez pas réussi à retirer tout le rostre du premier coup, ne recommencez pas et ne cherchez pas à compléter l'extraction : il vaut mieux consulter un médecin. Une petite grosseur pourra persister pendant plusieurs semaines mais elle finira par disparaître.
  • une fois les tiques retirées, désinfectez soigneusement la peau avec par exemple de l'alcool modifié ou un antiseptique à base de chlorhexidine, d'hexamidine ou de povidone iodée.
  • une petite plaque rouge peut apparaître immédiatement ou dans les 24 premières heures après la morsure. Il s’agit d’une réaction normale à la salive de la tique, et cela ne veut pas forcément dire qu'il y a eu contamination par la bactérie.
  • en revanche, il faut bien surveiller la zone mordue pendant 30 jours. Si vous voyez apparaître une plaque rouge inflammatoire entre trois à trente jours après la morsure, vous devez consulter un médecin rapidement, car c’est un symptôme de la maladie de Lyme. Un traitement antibiotique est alors nécessaire !

Comment fait-on le diagnostic de la maladie de Lyme ? Le problème, c’est qu’il peut y avoir de nombreux symptômes, qui sont parfois difficiles de rattacher à une piqûre de tique assez ancienne. Une batterie de tests et d’examens, parfois désagréables, ne donneront aucun résultat, sauf si le médecin pense à la maladie de Lyme. Par contre, si le patient se souvient d’une piqûre de tique, il suffira d’une simple prise de sang pour poser le diagnostic ! Parfois, la maladie s'accompagne de courbatures ou d'atteintes d'une ou de plusieurs grosses articulations, en particulier les genoux ou les hanches. Elle peut même induire des atteintes des méninges (=membranes qui enveloppent le système nerveux central), des nerfs ou une paralysie faciale, voire modifier la conduction cardiaque ou déterminer des altérations de la vision. Des réactions immunologiques pourraient jouer un rôle dans certains de ces troubles.

Mon propre examen de sang, en 2013 : Borrelia afzelii et Borrelia burgdorferi sont deux des trois bactéries qui propagent la maladie de Lyme.

Mon propre examen de sang, en 2013 : Borrelia afzelii et Borrelia burgdorferi sont deux des trois bactéries qui propagent la maladie de Lyme.

La maladie de Lyme est-elle dangereuse, et comment évolue-t-elle ? Oui, bien sûr, elle est dangereuse ! L’infection, rappelons-le, peut toucher la peau, les articulations et le système nerveux. L’évolution se fait en trois phases :

  1. La phase primaire dure entre 2 et 32 jours après la piqûre de tique. Il apparaît une lésion, une rougeur au niveau de la peau appelée érythème chronique migrant, qui se situe au niveau de la piqûre de tique. Il s'agit d'un "halo" rouge qui s'étend lentement de façon centrifuge (du centre vers la périphérie), alors que le centre s'éclaircit. Son diamètre peut varier de 3 à plusieurs dizaines de centimètres (en moyenne 15 cm). Elle peut disparaître ou passer inaperçue, et c’est l’aspect le plus traitre !
  2. La phase secondaire apparaît quelques jours ou semaines après (on voit bien que cela se manifeste très à distance de la piqûre initiale), sous la forme de lésions cutanées (rougeur, nodules sur le lobe de l'oreille notamment), de douleurs articulaires avec de véritables arthrites (rouges, douloureuses), ou encore de complications neurologiques (douleurs, paralysie,...) ou cardiaques. On peut même ressentir tous ces symptômes, ce qui conduit à réaliser beaucoup d'examens...
  3. La phase tertiaire est une forme chronique, avec les mêmes symptômes qui se pérennisent...

Comment traite-t-on cette maladie ? C’est très simple : le traitement curatif repose sur la prise d'antibiotiques. Plus ce traitement antibiotique est administré rapidement, plus il est efficace ! Les doses, ainsi que le type d'antibiotiques est à adapter au stade et aux manifestations de la maladie.

Comment se prévenir des tiques, et donc d’une éventuelle maladie de Lyme ? En hiver, les tiques hibernent, mais entre le printemps et l'automne, il faut penser à se protéger de ces acariens, qui ne demandent qu'à nous mordre pour se régaler de notre sang. Voici quelques conseils simples : porter des vêtements clairs, couvrant si possible la totalité du corps. Ne pas hésiter à rentrer le pantalon dans les chaussettes (même si ce n’est pas très beau) et à porter des chaussures fermées. En balade, il faut rester sur les sentiers, en prenant soin d’éviter les endroits susceptibles d’être habités par les tiques. On trouve aussi en pharmacie et parapharmacie des produits répulsifs contre les insectes, dont on peut enduire les parties non couvertes de la peau. Pour les professionnels particulièrement exposés (forestiers, etc…), un vaccin existe désormais.

Il faut aussi penser à examiner régulièrement les animaux de compagnie, et éviter de dormir avec, même si leurs tiques ne sont en principe pas intéressées par le sang humain. Il est aussi préférable de tondre les pelouses régulièrement, et de se débarrasser des déchets végétaux.

Conclusion : pour que la randonnée soit et reste un plaisir, même en été et même en forêt, il suffit d’être vigilant, surtout si on sait que les tiques aiment bien notre sang (certaines personnes n’ont jamais de tique !). Clairement, 2016 est une année à tiques !

(*) Un parasite est un organisme qui vit aux dépends d’un autre…

Sources : Wikipédia, www.allodocteurs.fr/, http://www.doctissimo.fr/, www.ameli-sante.fr, http://ars.sante.fr/, www. francelyme.fr, etc…

Une affiche détaillée en forêt. (Photo Thierry Gachon, « L’Est Républicain »)

Une affiche détaillée en forêt. (Photo Thierry Gachon, « L’Est Républicain »)

L’AUTO-INTERVIEW

J’ai la maladie de Lyme (à vie !), depuis 2013, voir mon examen de sang ci-dessus. Je me suis donc auto-interviewé :

Comment est-ce arrivé ? Lors d’une randonnée au-dessus de Moosch, alors je ne trouvais plus mon itinéraire, je suis parti dans un sentier couvert d’herbes très hautes. En arrivant à ma voiture, une heure après, j’ai vu que j’avais des tiques sur les jambes, je dirais une dizaine de chaque côté. J’en ai enlevées le maximum de suite, mais pas toutes. Les autres ce fut plus tard, en rentrant chez moi.

Et après ? Bien plus tard, facile un mois après, j’ai vu une rougeur circulaire sur ma jambe gauche, pas loin de 10 cm de diamètre, impressionnant quand même. Aucune démangeaison, et je ne pensais plus du tout aux tiques ! Un ami m’a dit : « C’est sans doute une piqure d’araignée ». Deux semaines après, j’en ai parlé à mon médecin généraliste, que je consulte régulièrement, pour le suivi d’un diabète de type 2. Il a vu la rougeur, et m’a remis une ordonnance pour une prise de sang. « Allez-y de suite, c’est peut-être la maladie de Lyme », m’a-t-il dit.

Ensuite ? Avec le résultat, qui est arrivé rapidement, je suis retourné chez mon médecin, qui m’a prescrit des antibiotiques (« Une dose de cheval », c’était son commentaire), à prendre pendant 10 jours. Ce que j’ai fait, sans problème, car je les supporte bien, et je savais que c’était indispensable.

Il y a des séquelles ? Aucune ! J’ai Borrelia afzelii et Borrelia burgdorferi à vie, je sais que les tiques m’aiment bien, et j’en attrape régulièrement. Lors de ma dernière rando, au-dessus de Rimbachzell, j’en avais 10 sur une jambe, 1 sur la cuisse et 1 sur le bras, le tout du même côté ! Je les enlève simplement avec ma salive : j’en crache un bon tas sur un doigt, que je pose délicatement sur la tique, et je tourne doucement dans le sens inverse des aiguilles de la montre. Je répète l’opération une deuxième fois, et la tique se retrouve sur mon doigt. Pour 2 bestioles seulement, j’ai dû prendre la pince à épiler. Ces vilains petits parasites ne vont certes pas m’empêcher de randonner !