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LE BAECHERKOPFHISLÀ

LE BAECHERKOPFHISLÀ

L’abri du Baecherkopfhislà mérite une attention particulière, tant il est important et apprécié dans notre secteur. J’ai donc voulu lui consacrer sur ce blog une présentation aussi exhaustive que possible !

L’abri du Baecherkopfhislà, à 855 m d’altitude et déjà 14 années de bons et loyaux services !

L’abri du Baecherkopfhislà, à 855 m d’altitude et déjà 14 années de bons et loyaux services !

Historique :

Le (ou la) Becherkopfhisla, maintenant orthographié « Baecherkopfhislà » en dialecte alsacien, c’est la « petite maison près du sommet en forme de gobelet », une appellation qui ne manque ni d’originalité ni de poésie !

« Depuis le 20 octobre 2002, les promeneurs disposent en forêt communale de Bitschwiller, d’un nouvel abri d’emblée baptisé : abri du Becherkopf ».

Ainsi commence un article signé de Jean-Jacques Guth (le forestier local, comme il se définit lui-même), intitulé « Le nouvel abri forestier du Becherkopf », paru dans le Bulletin d’informations n°34 de Bitschwiller-lès-Thann, édité et diffusé en mars 2003. L’article précise que l’emplacement de l’abri « en avait été choisi il y a 15 ans », et qu’il a été construit sur le modèle de l’abri du Vogesenpfad (Vogesapfadhislà) - édifié quatre ans auparavant et dont nous parlerons ultérieurement -, avec quelques améliorations.

Voici les précisions données ensuite : « Les travaux, exécutés sous la responsabilité du forestier local Monsieur Guth (*), ont débuté au mois de juin (2002). La maçonnerie a été réalisée par les trois bûcherons habituels de la commune, Ernest Sabatini et les frères Eugène et Stéphane Grava (…). Par une météo souvent exécrable, ces deux derniers ont ensuite réalisé le (montage du) très beau refuge, grâce à leur savoir-faire ».

Concernant l’aspect financier, les frais de main d’œuvre ont été pris en charge par la commune à hauteur de 11 600 €, et la toiture a été payée par la section de Thann du Club Vosgien (2 000 €). Il faut noter que tout le matériel a pu être acheté grâce à un don provenant d’une famille mulhousienne, Mr. et Mme Raymond Gluck, qui souhaitaient participer à la construction d’un refuge dans les Vosges, en mémoire de leur fils Henri. Celui-ci étant né à Bitschwiller-lès-Thann, il était logique que le Baecherkopfhislà puisse profiter de ce don (1).

Et l’article du journal communal de conclure : « Pour l’entretien de ce refuge, toutes les bonnes volontés sont accueillies » !

On remarquera donc, au-dessus de l’entrée du refuge (voir le photomontage) : une plaque mentionnant son nom, une autre plaque à la mémoire de Henri Gluck, et le blason de Bitschwiller-lès-Thann, qui s’explique ainsi : « La lune, emblème de Saint-Amarin, rappelle l'appartenance de Bitschwiller au val de Saint-Amarin (jusqu'à la Révolution) ; le pic de mineur symbolise les anciennes mines de fer ; la roue dentée évoque la fonderie qui existait jadis à Bitschwiller ».

Voici tous les panneaux à l’entrée de l’abri.

Voici tous les panneaux à l’entrée de l’abri.

Dans le Bulletin d’informations n°35, daté de mars 2004, une page est consacrée au livre d’or de l’abri qui s’écrit désormais « Baecherkopf ». On peut lire : « C’est avec un réel plaisir que nous reproduisons certains extraits des 877 textes écrits par les randonneurs de passage à l’abri entre le 27 novembre 2002 et le 27 novembre 2003 ». Quelques textes et dessins illustrent le propos.

Situation, accès :

L’abri est construit sur une sorte de col en contrebas de la montagne du Becherkopf (lire plus loin), à 855 m d’altitude ; il se situe entièrement sur le ban de la commune de Bitschwiller-lès-Thann (ce « lès », qui est juste l’abréviation de « laisse », signifie que la commune vient juste après Thann). Dans ce village, on précise que c’est l’abri sur la rive gauche : cette appellation, un rien parisienne, fait bien sûr référence à la Thur, et Bitschwiller possède un deuxième abri sur la rive droite !

Le Baecherkopfhislà se trouve à moins d’1 km au sud du Camp Turenne.

Pour y arriver sans se tromper, le plus simple est de suivre le chemin repéré par un « rectangle rouge-blanc-rouge » (Club Vosgien), entre le Camp Turenne et Pastetenplatz (Traduction : place du petit pâté chaud !), qui est aussi un carrefour important. Là, on passera forcément devant l’abri ! On peut aussi prendre le GR 5 (E2), repéré par un « rectangle rouge », entre le Camp Turenne et le Camp des Pyramides, mais on risque de rater le refuge, qui est alors en hauteur et caché par les arbres.

Depuis le GR5, l’abri est plus difficile à apercevoir !

Depuis le GR5, l’abri est plus difficile à apercevoir !

L’accès, en venant du Freundstein, du Molkenrain, du col de Herrenfluh ou de Bitschwiller et Willer par l’Ostein, passe obligatoirement par le Camp Turenne (alt 909 m), et de là on suivra le rectangle « rouge-blanc-rouge », direction Thann par chapelle Waldkapelle (alt 575 m). On arrive au refuge en une dizaine de minutes, par un large chemin qui descend en pente douce (54 m de dénivelé).

En venant de Thann, on monte par exemple depuis la chapelle Waldkapelle par le sentier « rouge-blanc-rouge », direction Camp Turenne ; depuis Steinbach-Silberthal, on peut suivre l’itinéraire « plus jaune » et monter vers le rocher Hirnelestein (alt 496 m), puis le croisement Amselkopf, avant de rejoindre Pastetenplatz, et de là accéder au refuge.

Attention, l’abri n’est mentionné sur aucun panneau indicatif.

Description :

Le refuge a la forme d’un carré de 5 m de côté, ce qui lui donne une surface de 25 m². À l’extérieur, on trouve, orienté sud-est, deux tables et leurs 4 bancs (soit 16 places), posés sur la dalle en béton du refuge et abrités par une avancée du toit. Une autre table et ses 2 bancs (8 places) reposent sur la terre. Juste à côté est construit le barbecue et sa cheminée, dont le tirage est excellent. Derrière l’abri, côté nord-est, un hangar ouvert mais couvert abrite un bon stock de bois de chauffage, sous forme de bûches de 1 m de long, qui devront être sciées et fendues avant utilisation.

La réserve de bûches, à l’arrière du refuge.

La réserve de bûches, à l’arrière du refuge.

L’abri bénéficie d’une porte épaisse en bois et de 4 fenêtres, 2 grandes et 2 petites, en plexiglas ; porte et fenêtres assurent une parfaite isolation. À l’intérieur, 2 grandes tables, avec leurs bancs et banquettes tout autour, offrent une bonne vingtaine de places, plus même en se serrant bien. Un fourneau à bois (dont la cheminée a elle-aussi un excellent tirage) permet de chauffer rapidement l’abri (2) ; côté cuisine, il n’y a pas de feu ouvert et donc aucune possibilité de barbecue à l’intérieur, mais on pourra, sur le dessus du poêle (en relevant délicatement le couvercle), réchauffer un plat déjà précuit, préparer une bonne omelette, ou des œufs au plat et avec du lard, par exemple. On trouve souvent une petite réserve de papier journal, et parfois de petit-bois pour allumer le feu. Des outils aussi, quand ils n’ont pas été cassés ou volés : lors de mon passage, il y avait une scie, une hache et une petite machette. Et un balai !

De gauche à droite, le barbecue extérieur, le règlement du refuge et le fourneau à bois  à l’intérieur.

De gauche à droite, le barbecue extérieur, le règlement du refuge et le fourneau à bois à l’intérieur.

Des patères sont disposées sur les 4 murs, complétées par des fils d’étendage au-dessus du fourneau, avec quelques cintres. Comme pour les outils, les « plus » dépendent de la générosité des randonneurs de passage : on trouve parfois des jeux, des livres ou d’autres bricoles, posées sur les poutres du toit. En ce moment, il y a une belle collection de chandeliers, avec les bougies, ce qui est fort utile le soir ! Précision exclusive, donnée par un Vététiste de passage : les bougeoirs ont été fabriqués par Mathieu Troquier, ancien descendeur professionnel VTT (on reconnaîtra des disques de freins), né à Mulhouse en 1985 et ex-habitant de Cernay, fana de motocross, snowboard, snowscoot, dirtjump et autre BMX.

Et puis le règlement intérieur, avec une dizaine de conseils de bons sens. Voici juste les deux dernières phrases : « Soyez des adultes responsables et heureux. Vivez pleinement le présent magique. ». Tout est dit ! Et enfin, last but not least, le fameux livre d’or, avec son stylo. Il consigne une multitude d’impressions et de compliments en français, alsacien, allemand, ou d’autres langues pendant la période estivale ; promeneurs, randonneurs ou vététistes, les écritures d’adultes se mêlent à celles des enfants, avec parfois des dessins ou des notes d’humour. Impossible de reproduire ici tous ces messages, mais les bénévoles de la commune les lisent avec beaucoup d’attention.

Le livre d’or et un bougeoir – merci Mathieu !

Le livre d’or et un bougeoir – merci Mathieu !

Le Baecherkopfhislà passe pour l’abri le plus sympathique de tout le secteur. Alors, c’est vrai, ou sa réputation est surfaite ?

Les ‘’plus’’ s’ajoutent les uns aux autres, ce qui est normal : situation excellente, facile à trouver (sauf en prenant le GR5), très nombreuses possibilités offertes, beaucoup de places, propreté en principe irréprochable. On n’y rencontre en général que des gens sympas, jeunes ou vieux, qui viennent ici pour casser la croûte, festoyer, dormir souvent (il n’y a ni lit ni couchette), se reposer un moment et passer du bon temps toujours. Il règne dans cet abri une atmosphère « heimlig » (comme à la maison) bien agréable ! Des groupes y ont leurs habitudes, mais il reste toujours de la place pour les nouveaux arrivants.

Les ‘’moins’’ : cette réputation attire parfois des gens qui se prennent pour les maîtres des lieux, refusant de partager un espace pourtant vaste, si ce n’est avec leur chien, évidemment aussi hargneux qu’eux-mêmes. Heureusement c’est rare, et les chasseurs eux-mêmes ne s’y aventurent guère.

À titre indicatif et un rien folklorique, le site http://www.refuges.info/ donne les coordonnées géographiques de cette « cabane non gardée » : longitude 7.11432 et latitude 47.84096 ; il précise qu’il n’y a sur place ni lit ni couverture, et pas davantage de point d’eau ou de latrines à proximité, qu’on se le dise !

Et le sommet ?

La montée entre le refuge et le sommet du Becherkopf commence comme ça... (Photo P.BR. 05/2016)

La montée entre le refuge et le sommet du Becherkopf commence comme ça... (Photo P.BR. 05/2016)

Le Becherkopf (traduction : sommet -ou tête- en forme de gobelet) : ce sommet boisé, altitude 924 m, marque la limite entre les bancs des communes de Steinbach (dont il est le point le plus haut), Thann (idem), Uffholtz et bien sûr Bitschwiller-lès-Thann. Depuis le refuge, la montée sans chemin ni sentier est un peu raide, avec 69 m de dénivelé. Le sommet, apparemment sans intérêt, a pourtant été fortifié, transformé en un réseau de bunkers et souterrains en béton armé, orientés dans toutes les directions. Les Allemands auraient-ils construits ces ouvrages entre 1871 et 1914, mais dans quel but ? C’est peu probable ! Ou alors les Français ont-ils voulu compléter et protéger les aménagements logistiques et sanitaires du Thomannsplatz, actuel Camp Turenne, avec une base militaire, capable d’appuyer les combats de la Cote 425 à Steinbach ? Mystère…

Signalons pour la petite histoire - ou la petite géographie - qu’il existe aussi un Becherkopf en Allemagne, dans le Bade-Wurtemberg, qui culmine à 713 mètres d'altitude.

Le réseau de bunkers et de souterrains au sommet du Becherkopf. (Photomontage P.BR. 05/2016)

Le réseau de bunkers et de souterrains au sommet du Becherkopf. (Photomontage P.BR. 05/2016)

(*) Jean-Jacques Guth a supervisé les travaux de construction de trois abris, le Baecherkophislà, le Vogesapfadhislà, et par la suite le Hochburg, au-dessus de Rammersmatt et Bourbach-le-Haut. Ce dernier, inauguré en juin 2010 et également très apprécié des randonneurs, sera présenté ultérieurement sur ce blog.

Textes et photos : Pierre Brunner, mai 2016.

Sources :

Bulletins d’informations de la commune de Bitschwiller-lès-Thann, n° 34 (édition mars 2003) et n° 35(édition mars 2004).

Notes

(1)  Cela n’est pas exact : un commentaire (lire en entier dans la rubrique ci-dessous) de Madame Geneviève Gluck Redomier apporte les précisions suivantes :

« Mes parents ont fait un don en mémoire de mon frère décédé, Henri Gluck, mais qui n'était pas originaire de Bitschwiller mais de Mulhouse. Ce don a été fait car mon frère a parcouru les Vosges dans tous les sens, autant à pieds, à ski qu'à VTT. Et surtout lors des 3 traversées des Vosges qu'il a effectuées il a souvent été contraint de coucher dehors (surtout dans les Vosges du Nord d'ailleurs) faute de refuge de ce genre. Et de là nous est venue l'idée de participer à un tel projet. Avec mes parents nous avons sillonné les Vosges depuis notre plus jeune âge. Nous sommes de Mulhouse et la vallée de Thann étant proche pour nous, nous avons pensé faire quelque chose dans ce secteur. Voilà un peu de notre histoire ».

(2) Un nouveau poêle à bois a été installé en 2018 : il est beau et performant !

L’interview :

M. Denis Auer, adjoint au maire de Bitschwiller-lès-Thann, chargé de l’environnement (et des affaires sociales), a bien voulu nous recevoir en mairie pour répondre à des questions complémentaires, un grand merci à lui !

M. Denis Auer, adjoint au maire de Bitschwiller-lès-Thann.

M. Denis Auer, adjoint au maire de Bitschwiller-lès-Thann.

Bitschwiller-lès-Thann possède 2 abris forestiers, Baecherkopfhislà sur la rive gauche et Vogesapfadhislà sur la rive droite, ce qui marque une volonté forte de la commune. Pouvez-vous définir ou préciser cette volonté ?

C’est surtout pour les randonneurs qu’on fait ça, et au Baecherkopfhislà il y a beaucoup de vététistes qui passent, que des gens sérieux de tous âges, cet endroit est toujours bien entretenu. Ce n’est peut-être pas le cas au Vogesapfadhislà, où on peut accéder plus facilement en voiture, même si on a maintenant placé des panneaux de sens interdit, qui nous permettent de verbaliser. Il y a des bandes de jeunes qui montent là-haut pour des soirées bien arrosées, et ils nous laissent les détritus. Mais j’ai aussi vu des personnes âgées qui critiquaient les jeunes, et en partant ils ont laissé tous leurs détritus, et c’est moi qui ai tout ramené ! Au Baecherkopf, il y a les livres d’or, ils sont superbes, les gens écrivent des petits mots, même s’ils montent là-haut plusieurs fois de suite, toujours dans le respect de la convivialité et de l’environnement. C’est une très bonne chose, et la commune va continuer dans ce sens.

Comment est assuré l’entretien de ces abris (entretien courant, nettoyage, débroussaillage des alentours, travaux de réparation ou remise en état, préparation du bois de chauffage), et par qui sont assurés tous ces travaux ?

C’est la commune, avec les ouvriers communaux. Le garde-forestier passe souvent, moi-même aussi, en tant qu’adjoint à la forêt. Il y a des bénévoles, comme d’anciens bûcherons, et Eugène Grawa, de Goldbach, qui nous fait beaucoup d’entretien. Pour le bois, c’est le garde forestier qui en met, mais pas trop, parce qu’au Vogesapfadhislà ça part vite ! Au Baecherkopf, les gens sont plus respectueux ! Dans le cadre de la Journée Citoyenne, il y a aussi des équipes qui montent, et donnent un coup de jeune.

Le Baecherkopfhislà est ouvert depuis bientôt 14 ans. Avez-vous remarqué des évolutions, tant au niveau des personnes qu’au niveau des habitudes ou des comportements ?

Non, ça reste toujours convivial, ce sont des gens corrects qui y vont, ça n’a pas bougé. La Brigade Verte passe aussi régulièrement, à toutes heures.

Justement, y a-t-il au Baecherkopfhislà des problèmes particuliers, en lien avec une fréquentation importante tout au long de l’année ?

Non, il n’y a pas trop de problèmes !

Avez-vous noté sur place des initiatives intéressantes et sympathiques ?

Des gens laissent parfois des outils, ou des balais ‘’fabrication maison’’, ou des bougeoirs.

Comment voyez-vous l’évolution de ces abris dans les prochaines années ? La commune continuera-t-elle ses efforts ?

Oui, on va bien sûr continuer à s’en occuper, de façon à garder ce patrimoine en état !

Avez-vous un message à transmettre à celles et ceux qui profitent de ces abris ?

Eh bien, qu’ils les gardent en état, propres et rangés, pour les jeunes qui suivront, en espérant qu’ils suivent !